Un mois jour pour jour après la disparition du petit Ariel Kouakou, son père a demandé ce matin que soit créée une escouade policière spéciale exclusivement consacrée à la recherche d'enfants disparus. Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on n'est toutefois pas emballé par l'idée, au contraire.

« Nous pensons qu'une telle escouade aurait pris les choses en main plus tôt, aurait pris des actions plus importantes », a dit Kouadio Frédéric Kouakou en point de presse.

Réitérant une nouvelle fois que sa famille privilégie la thèse de l'enlèvement, M. Kouakou souhaite que davantage de ressources policières soient dégagées pour la recherche de son fils.

« Ça prend plus de moyens humains, techniques et financiers », a-t-il ajouté. « Peut-être que [l'histoire d'Ariel] sera le début de quelque chose. »

Michel Surprenant, dont la fille Julie est portée disparue depuis 1999, s'est rapproché de la famille Kouakou au cours des dernières semaines et était du point de presse de ce matin. Selon lui aussi, une escouade spéciale permettrait « d'ouvrir la machine plus rapidement ».

« Les premiers instants sont cruciaux, a-t-il rappelé. Il faut vraiment concentrer un maximum d'efforts et de moyens le plus vite possible. Quitte à diminuer les ressources par la suite selon les informations recueillies. »

Porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière voit les choses autrement. Il affirme que la question a déjà été plus d'une fois soulevée par le passé, mais que selon lui, la création d'une telle escouade serait essentiellement « cosmétique ».

Il estime plutôt que le déploiement de cette équipe retarderait le début des recherches qui, pour l'heure, sont plutôt amorcées par les patrouilleurs qui connaissent bien le quartier.

« Dans le cas d'Ariel, au cours des deux premières heures suivant le signalement de sa disparition, 20 policiers ont été mobilisés à temps plein, et tous les policiers de Montréal ont été mis au courant », a dit M. Lafrenière.

« Tous les commerces ouverts du secteur ont été visités, on est allés chez tous les amis connus, même aux anciennes adresses. Ce qu'on veut, ce sont des policiers qui connaissent le terrain. »

Pour la suite des recherches, le porte-parole a rappelé que le SPVM avait envoyé les enquêteurs des crimes majeurs, « les gens les plus spécialisés de l'île de Montréal ».

Pina Arcamone, directrice générale du réseau Enfants-Retour, a donné en exemple la Cellule des personnes disparues, organe créé en 1995 par la police nationale belge et à laquelle des enquêteurs sont affectés à temps plein. Elle a également évoqué le Centre national pour les enfants disparus et exploités, aux États-Unis, qui fait notamment appel à des agents retraités dans des régions où les effectifs sont plus minces.

M. Lafrenière a précisé qu'une structure de coordination provinciale existait déjà, sous la responsabilité de la Sûreté du Québec, et que le SPVM se prêtera par ailleurs à une rétroaction complète de l'enquête lorsqu'elle sera terminée.

M. Kouakou a tout de même tenu à saluer l'engagement des policiers déjà sur le terrain, « des pères [et mères] de famille qui ont les enfants à coeur et qui font tout pour retrouver Ariel ». Il a également rendu hommage aux bénévoles qui ont donné de leur temps pour les battues et les chaînes humaines des dernières semaines.

« On veut des réponses »

Ariel Jeffrey Kouakou, 10 ans, a été vu pour la dernière fois le 12 mars dernier en matinée.

Les Kouakou sont donc à sa recherche depuis « 30 longs jours, 30 longues nuits, sans aucun indice », a rappelé le père d'Ariel.

« On veut des réponses », a renchéri Charles N'Dakon, un proche de la famille.

La gorge nouée, M. Kouakou a répété avoir « l'intime conviction qu'Ariel reviendra ».

« Nous ne nous laisserons pas abattre par la tristesse, a-t-il insisté. Nous ne sommes pas des lâcheux. Nous puiserons dans nos dernières énergies pour aller jusqu'au bout de cette épreuve. C'est cette force, en dedans de moi, qui transcende toutes les émotions que je peux avoir. »

Pina Arcamone a également signalé que n'importe quelle information, même en apparence insignifiante, pouvait faire la différence dans l'enquête.

Jusqu'ici, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a mis de l'avant la thèse de la noyade pour expliquer la disparition d'Ariel. Une nouvelle fois, le père du garçon a mis en doute cette piste. Selon lui, la bande vidéo des dernières images d'Ariel au parc des Bateliers ne permet pas de conclure qu'il s'est dirigé par la suite vers la rivière des Prairies, située à quelques dizaines de mètres de là. Jamais on ne le voit toutefois sortir du parc.

« À aucun moment je ne le vois tomber dans l'eau, même glisser, a dit M. Kouakou. Il n'est pas dans cette direction. »

Souvenir douloureux

Michel Surprenant s'est senti particulièrement interpellé lorsqu'il a vu l'histoire d'Ariel.

Il a vu sous ses yeux se dérouler un scénario qu'il connaît trop bien - une disparition inexpliquée, qui n'a laissé aucun indice derrière elle.

Il a donc offert son soutien à la famille Kouakou.

« J'ai été touché par le courage des membres de cette famille, par leur attitude positive dans ces moments difficiles à passer », a-t-il raconté.

« Il faut toujours garder en tête que la victime attend qu'on la retrouve, a-t-il encore dit. On ne peut pas revirer de bord ,dire qu'on fait notre deuil et passer à autre chose. Il faut maintenir le sentiment d'urgence. »