Paris et New York se dotent de radars sonores pouvant produire des constats d’infraction en cas de bruits routiers excessifs dommageables pour la santé.

La nuit tombe quand un motocycliste fait hurler sa moto, créant une onde sonore assez puissante pour alerter tout un quartier.

Rarement observées par les forces de l’ordre, et rarement punies, ces nuisances publiques sont monnaie courante dans les villes et les municipalités du Québec.

En France et aux États-Unis, des dispositifs appelés radars sonores, visant à s’y attaquer, voient le jour.

« L’idée est d’avoir un appareil muni d’une caméra de très haute définition et de plusieurs micros, et qui est capable de photographier la plaque d’immatriculation du véhicule à l’origine d’un bruit excessif », explique Martin Robert, président d’Espacenet, à Morin-Heights, dans les Laurentides.

Un constat d’infraction est ensuite donné par les services policiers et envoyé par la poste au propriétaire du véhicule.

En France, un projet pilote réalisé l’an dernier a été concluant, et quatre appareils homologués et prêts à donner des constats d’infraction seront installés en 2024 à Paris et dans les environs. En 2023, des radars sonores ayant la capacité de donner des constats d’infraction pour des bruits dépassant 85 décibels à une quinzaine de mètres du dispositif ont été installés à New York.

Le Québec s’y met

Au Québec, des sonomètres commencent à être mis en service dans différentes municipalités.

Depuis un an, l’entreprise de Martin Robert a livré et installé plusieurs radars sonores qui font une lecture du bruit en temps réel. Trois radars sont situés à Morin-Heights, un à Lachute et un à Saint-Calixte, dans Lanaudière.

PHOTO FOURNIE PAR ESPACENET

Sonomètre pédagogique installé près d’une route

Il s’agit de radars pédagogiques, semblables aux radars de vitesse qui se multiplient le long des routes du Québec, qui ne prennent pas de photo et ne produisent pas de constats d’infraction.

Pour l’instant, on a une mission d’information, de prise de conscience que le bruit dérange.

Martin Robert, président d’Espacenet

M. Robert note que c’est l’augmentation du trafic, routier et des nuisances qui en découlent, qui pousse certaines municipalités à vouloir éduquer les conducteurs.

« Les routes sont de plus en plus achalandées, il y a des motocyclistes qui aiment faire du bruit, et aussi des camionneurs qui utilisent leur frein moteur. Pour les gens qui habitent près d’un boulevard ou près d’une côte, ça peut devenir l’enfer. »

Les radars pédagogiques d’Espacenet affichent une oreille rouge sur un écran numérique lorsque le bruit perçu dépasse le seuil de 83 décibels. Lorsque le bruit dépasse 88 décibels, l’oreille rouge clignote rapidement et un message sur le bruit excessif s’affiche.

Les données sont en train d’être recueillies et seront analysées. De façon anecdotique, certains comportements semblent changer, dit M. Robert.

« L’autobus scolaire qui passe dans la côte devant notre bureau faisait excessivement de bruit avec son moteur, mais depuis l’installation du sonomètre, on a vu un changement. Les conducteurs prennent conscience que le bruit dérange. »

Montréal à l’affût

À la Ville de Montréal, on dit être en train d’étudier la question de l’environnement sonore dans le cadre de l’élaboration d’une politique de la vie nocturne.

« Nous allons être attentifs au déploiement de cette technologie dans les autres villes », explique Simon Charron, attaché de presse du cabinet de la mairesse et du comité exécutif.

La pollution sonore est un enjeu qui nous préoccupe, comme tout ce qui touche la qualité de vie de notre population. Toutes les solutions qui favorisent la qualité de vie et la réduction de la nuisance sonore méritent d’être étudiées.

Simon Charron, attaché de presse du cabinet de la mairesse et du comité exécutif de Montréal

M. Charron rappelle que le bruit est réglementé par les arrondissements.

« Ils réfléchissent continuellement à des solutions pour réduire les nuisances sonores. Les arrondissements sensibilisent aussi les différents générateurs : responsables de chantier, commerces et utilisateurs d’équipement mécanique. »

Il note que le plus récent exemple d’intervention est le projet pilote mené cet hiver par les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont–La Petite-Patrie concernant l’arrêt du flûtage lors des opérations de chargement de la neige dans certains secteurs.

Des citoyens se plaignent régulièrement d’être dérangés par les puissantes sirènes visant à rappeler aux propriétaires de véhicule motorisé de le déplacer avant qu’il ne soit remorqué, avant une opération de déneigement.

D’après Santé Canada, le bruit peut avoir des effets nuisibles sur la santé physique et mentale ou du point de vue social tels que l’ennui, l’interférence avec la communication, la perturbation du repos, du sommeil et de la concentration, ainsi que des dommages auditifs.

« Les études suggèrent que ces effets nuisibles peuvent également augmenter le stress au point d’augmenter le risque de certaines maladies y étant relié », note le gouvernement canadien.

Selon l’Institut de cardiologie de Montréal, « un très grand nombre d’études épidémiologiques ont noté une association significative entre l’exposition répétée au bruit de la circulation routière, ferroviaire et aérienne et une hausse du risque de maladies cardiovasculaires. Cet effet est particulièrement bien documenté pour le trafic routier : selon les calculs réalisés par un groupe d’experts mandatés par l’OMS, à partir de 53 dB, chaque augmentation de 10 dB augmente le risque de maladies cardiaques ischémiques de 8 % ».

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