La Ville de Paris fera payer davantage le stationnement des véhicules utilitaires sport (VUS), considérés comme un fléau en France. Outre la durée, le prix à payer prendra en considération le poids et la taille du véhicule. Le but est clair : décourager les gens d’acheter un VUS.

En juin, la capitale française a emboîté le pas à Lyon, troisième ville de France, qui avait dévoilé une mesure similaire en mai.

L’Hexagone a bel et bien lancé sa guerre contre les VUS, qui sont une « aberration écologique », particulièrement à Paris, a déclaré David Belliard, adjoint aux mobilités de la maire de Paris, pour justifier la hausse du prix du stationnement, comme l’a rapporté 20 minutes. La nouvelle régulation entrera en vigueur en 2024 dans les deux métropoles.

« C’est une mesure pour faire en sorte que les gens repensent à leur choix de voiture », indique Anne-Catherine Pilon, analyste en mobilité durable à Équiterre, en entrevue avec La Presse.

Trois fois plus coûteux

À l’heure actuelle, le tarif d’une place de stationnement sur rue à Lyon est 352 $ (240 euros) par année. En 2024, le tarif de base, qui concernera les détenteurs de véhicules à essence qui pèsent moins de 1000 kg, sera de 264 $.

La facture grimpera à 793 $ pour un véhicule ayant une masse de plus de 1725 kg, soit le triple du tarif de base. À titre de comparaison, la version la plus légère du Ford F-150 pèse 1824 kg.

À Paris, les détails de la réglementation n’ont pas encore été dévoilés.

Pour Clément Drognat, coordinateur à la coalition environnementale La Rue est à nous Lyon, il s’agit d’un pas dans la bonne direction qui permettra de freiner la « frénésie des VUS ». Joint au téléphone, le militant décrit les VUS comme des véhicules plus dangereux et polluants qui « prennent plus de place dans l’espace public ».

Cependant, il déplore des seuils « très peu ambitieux ». Seulement 5 % des propriétaires de véhicules paieront le plein prix.

Il faut que les véhicules de 1500 kg, qui sont déjà des monstres, paient autant.

Clément Drognat, coordinateur à la coalition environnementale La Rue est à nous Lyon

Afin de limiter le nombre de VUS (qui représentent la moitié des nouvelles ventes à Lyon) en circulation, la Ville doit encourager « un développement massif des mobilités alternatives », comme le vélo, la piétonnisation et le transport en commun, soutient M. Drognat.

Une mesure qui existe déjà à Montréal

Au Québec, l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a lancé le bal de la tarification relative au poids. Depuis le 1er juillet, le coût d’une vignette de stationnement dépend de la masse du véhicule.

Alors que la facture annuelle d’une vignette s’élève à 115 $ pour un véhicule à essence – ou hybride non rechargeable – pesant 1249 kg ou moins, elle grimpe désormais à 205 $ pour ceux dont la masse dépasse 1600 kg.

Le coût d’une vignette est de 115 $ pour les véhicules électriques ou hybrides rechargeables de moins de 1550 kg et de 205 $ pour ceux de plus de 1850 kg. Une vignette pour un deuxième véhicule coûte 385 $, quelle qu’en soit la masse. Une vignette pour un F-150 coûte donc 205 $ dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, contre 793 $ à Lyon.

De la masse, ça prend de la place

Si tous les propriétaires de gros véhicules avaient de plus petites voitures, une superficie correspondant à 17 fois celle du parc La Fontaine serait économisée, rappelle Anne-Catherine Pilon d’Équiterre. « On pourrait faire plus de parcs, ou d’autres pistes cyclables. »

Selon l’analyste, l’espace occupé par les véhicules massifs devrait appartenir à l’ensemble de la société. « Mais finalement, il appartient aux individus qui décident d’avoir de gros véhicules. »

En 2021, les VUS et les petits camions comptaient pour 71 % des ventes totales de véhicules au Québec. À Paris, les VUS ne représentent que 15 % du parc automobile, mais leur popularité est grandissante. En effet, les ventes ont bondi de 60 % depuis quatre ans.