La Fonderie Horne de Rouyn-Noranda a mis en ligne il y a quelques jours les données provenant de ses stations d’échantillonnage de l’air, à l’approche de l’échéance fixée par Québec pour le faire, révélant ainsi un important rejet de contaminants survenu le 7 mars.

La station située sur le terrain de la fonderie affiche pour cette journée un taux moyen d’arsenic dans l’air de 1196 nanogrammes par mètre cube (ng/m⁠3), soit 18 fois plus que la nouvelle limite de 65 ng/m⁠3 imposée à l’entreprise, et 399 fois plus que la norme québécoise de 3 ng/m⁠3.

Les taux moyens des autres métalloïdes mesurés à cette station ce jour-là sont aussi très élevés : celui du cadmium s’élève à 195 ng/m⁠3, alors que sa limite est de 12 ng/m⁠3 ; celui du plomb est de 6670 ng/m⁠3, alors que sa limite est de 450 ng/m⁠3 ; et celui du nickel est à 404 ng/m⁠3, alors que sa limite est de 20 ng/m⁠3.

« Ceci est grande partie attribuable aux forts vents qui ont soufflé pendant une longue période directement vers la station lors de cette journée », a expliqué à La Presse la porte-parole de la fonderie, Cindy Caouette, évoquant une situation exceptionnelle.

« Les projets de modernisation que nous mettons actuellement en place permettront, même si un épisode de vent similaire survient, de faire en sorte que les concentrations enregistrées à la station légale seront moins élevées », a-t-elle ajouté.

L’entreprise n’a techniquement pas enfreint les conditions imposées dans sa nouvelle autorisation ministérielle, délivrée ironiquement la semaine suivant ce rejet majeur, puisque les limites fixées sont annuelles.

Lisez l’article « Rejets de contaminants : Québec serre la vis à la Fonderie Horne »

À ce jour, les moyennes annuelles de ces quatre contaminants à la station située sur le terrain de la fonderie, appelée station « légale » puisqu’elle produit les données officielles, sont toutes situées sous le seuil maximal fixé par Québec.

L’autorisation ministérielle prévoit cependant l’imposition de limites quotidiennes à partir de 2027 pour l’arsenic, le cadmium, le plomb, le nickel, les particules fines et le dioxyde de soufre.

Données en ligne

L’ensemble des mesures prises depuis le 1er janvier par les neuf stations d’échantillonnage de la qualité de l’air dispersées dans la ville de Rouyn-Noranda est ainsi accessible depuis quelques jours sur le site internet de la multinationale anglo-suisse Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne.

L’entreprise se conforme ainsi à une exigence de transparence imposée dans sa nouvelle autorisation ministérielle, délivrée le 16 mars, qui lui donnait 90 jours pour rendre ces données publiques.

Jusqu’à maintenant, la Fonderie Horne avait toujours refusé de rendre publiques les données brutes de la station d’échantillonnage « légale », située sur son terrain, dévoilant uniquement sa moyenne annuelle.

Québec a imposé que l’entreprise publie « ses données brutes de suivi de la qualité de l’air ambiant sur une base mensuelle [dans un] format exploitable ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Centre Dave-Keon, à Rouyn-Noranda

Cinq stations n’affichent que les mesures de dioxyde de soufre ; trois stations affichent les taux d’arsenic, de cadmium et de plomb ; tandis que la station légale affiche ces trois métalloïdes en plus du nickel.

La station située au Centre Dave-Keon, dans le quartier Notre-Dame, qui est voisin de la fonderie, a mesuré le 13 mars un taux d’arsenic moyen de 75 ng/m⁠3, tandis que les taux de cadmium et de plomb étaient respectivement de 23 ng/m⁠3 et de 342 ng/m⁠3.

Le même jour, la station située à l’hôtel de ville, au centre-ville, a mesuré des taux moyens de 80 ng/m⁠3 pour l’arsenic, de 14 ng/m⁠3 pour le cadmium et de 363 ng/m⁠3 pour le plomb.

Le « comité de vigie indépendant » mis sur pied Québec pour assurer le suivi des exigences de la nouvelle autorisation ministérielle de la Fonderie Horne a par ailleurs tenu sa première rencontre mardi, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

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  • 1927
    Année du début des activités de la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda, qui comportait aussi une mine jusqu’en 1976
    SOURCE : FONDERIE HORNE