Plus de 18 000 personnes venues de 196 pays ont convergé vers Montréal pour participer à la COP15. Le Palais des congrès, déclaré territoire de l’ONU, est devenu un microcosme où il est parfois difficile de s’y retrouver. Que se passe-t-il dans une grande conférence sur la biodiversité ? Suivez le guide…

Un défi titanesque

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Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales au Réseau action climat Canada

La COP, Conference of the Parties en anglais, c’est d’abord une grande rencontre internationale où les pays membres cherchent à conclure un accord par consensus. C’est d’ailleurs le principal défi : rallier toutes les parties, sans exception, derrière un texte âprement disputé. Un défi titanesque. « C’est comme si vous aviez 196 invités à un souper et que tout le monde devait s’entendre sur le menu. Au moment de passer à table, il n’y a pas grand monde qui est satisfait de son repas », illustre Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales au Réseau action climat Canada. Selon un décompte de l’ONU, les pays ont enregistré près de 4700 délégués. Le choix du menu sera donc âprement disputé.

Des informations, des tonnes d’informations

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Diwakar Pyakurel, journaliste népalais dépêché à Montréal pour la COP15

Chaque matin, vers 9 h, le chef des communications du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, David Ainsworth, tient un point de presse pour les médias où il résume l’allure des négociations et donne un aperçu du programme de la journée à venir. Quoi couvrir ? Quels sujets sont les plus intéressants ? Répondre à ces questions est le défi quotidien de Diwakar Pyakurel, journaliste népalais dépêché à Montréal par OnlineKhabar, un site d’information en ligne, et par l’agence Earth Journalism Network. « On reçoit vraiment beaucoup, mais beaucoup d’informations. Je dois faire le tri de ce qui est important pour moi en fonction de mon contexte local », explique-t-il.

Un organigramme complexe

Comment fonctionne la COP sur la biodiversité ? Restez bien concentré, on y perd rapidement son latin. Au sommet de l’organigramme se trouve la séance plénière, là où les décisions finales sont approuvées. Deux groupes de travail sont chargés de faire avancer les dossiers. Le projet de cadre mondial sur la biodiversité fait actuellement 21 pages et contient 22 objectifs. Le groupe de travail n1 s’occupe notamment de l’objectif n3, celui où il est question de protéger 30 % du territoire d’ici 2030. Vous suivez toujours ? Quand les discussions achoppent, des comités sont formés au sein des groupes de travail avec un nombre restreint de participants dans l’espoir de faire débloquer un sujet litigieux. L’un d’eux siégeait toujours vendredi vers 18 h. Précisons que l’objectif des groupes de travail est de régler le maximum de points en litige en vue de l’arrivée des ministres, qui négocieront les sujets les plus délicats au cours de la deuxième semaine de la COP15.

Les jeunes veulent être entendus

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@Hilathkilla et @Lordlobbie, deux rappeurs new-yorkais rencontrés par La Presse

Chaque jour, des dizaines de conférences et d’évènements sont aussi au programme. Pour la journée de vendredi, La Presse en a compté plus de 70. Par exemple, une table ronde organisée par le Global Youth Biodiversity Network. « Les jeunes veulent être entendus. Ils le sont de manière générale », croit Anina Uhlig, de la Fondation PeaceNexus, une ONG suisse. En entrevue avec La Presse, elle se dit impressionnée par leur travail. « Ils sont très stratégiques. Ils proposent des textes [aux négociateurs]. Leur cheval de bataille, c’est qu’il faut arrêter de faire la même chose si on veut obtenir un résultat différent. » Croisés près du pavillon de la jeunesse, @Hilathkilla et @Lordlobbie, deux rappeurs new-yorkais, expliquent avoir été invités justement par le Global Youth Biodiversity Network. « Nous sommes ici pour apporter de la joie, lance @Hilathkilla, mais souvent les gens nous disent d’arrêter. »

Science, religion et biodiversité

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Kiosque « Faith-based » (basé sur la religion)

Le Canada et la Chine ont évidemment chacun leur pavillon, le premier en tant que pays hôte et la seconde parce qu’elle assure la présidence de la COP15. Un kiosque de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) se trouve à proximité de celui du ministère de l’Environnement du Brésil. La France côtoie le Cameroun. La science a pour voisine la religion. Vendredi, des participants échangeaient au kiosque « Faith-based » (basé sur la religion) situé juste à côté du stand « Academia and Research ».

« La nature va toujours gagner »

Vendredi matin, des militants ont dénoncé les assassinats de militants écologistes dans plusieurs pays. Une vingtaine de personnes assises par terre, entre le pavillon du Canada et celui de la Chine, chacune tenant la photo d’un écologiste tombé au combat. Par exemple, Indra Pelani, tué le 28 février 2015 en Indonésie. Aysin et Ali Ulvi Büyüknohutçu, morts le 10 mai 2017 en Turquie, ou J. Snowlin, tuée en 2018 en Inde alors qu’elle avait 17 ans. Encore en 2022, des militants pour l’environnement dans plusieurs pays risquent leur vie au nom de leurs convictions. « On ne peut pas négocier avec la nature, a affirmé quelques minutes plus tard Ayisha Siddiqa dans une conférence de presse où des ONG faisaient le point sur les négociations en cours. Je ne sais pas combien de rencontres seront nécessaires pour que l’on comprenne ça. La nature va toujours gagner », a ajouté la jeune Pakistanaise d’un air déterminé.

Précision:
Une version précédente de ce texte indiquait que le journaliste népalais Diwakar Pyakurel a été notamment envoyé à Montréal par l’agence Inter Press Service News. Or, il s’agit plutôt de l’agence Earth Journalism Network.

En savoir plus
  • 443
    Nombre de représentants que compte le Canada, plus importante délégation officielle à la COP15
    Source : Secrétariat de la convention pour la diversité biologique
    138
    Nombre de représentants officiels que la Chine a délégués à Montréal
    Source : Secrétariat de la convention pour la diversité biologique