L’ébauche de déclaration finale de la COP27 « ne va pas assez loin » sur la question de l’abandon du charbon et des subventions aux combustibles fossiles, a déclaré vendredi le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, alors que les négociations entraient en prolongation.

Le texte n’évoque pour l’instant que son encouragement à « poursuivre les efforts pour accélérer la réduction progressive de la production d’électricité au charbon sans système de capture et de stockage du carbone [unabated coal] et pour supprimer progressivement et rationaliser les subventions inefficaces aux combustibles fossiles », selon la version divulguée vendredi.

« Nous voulons que le texte aille plus loin sur le charbon, nous voulons que le texte aille plus loin sur l’élimination des combustibles fossiles, et ce sont les interventions que le Canada a faites publiquement ici [vendredi] », a déclaré M. Guilbeault lors d’une téléconférence à partir de Charm el-Cheikh, en Égypte.

PHOTO PETER DEJONG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

« Nous voulons que le texte aille plus loin sur le charbon, nous voulons que le texte aille plus loin sur l’élimination des combustibles fossiles, et ce sont les interventions que le Canada a faites publiquement ici [vendredi] », a déclaré le ministre Steven Guilbeault.

Le Canada ne reculera pas devant un résultat qui met en péril nos chances d’atteindre l’objectif de [limiter la hausse de la température planétaire à] 1,5 °C de l’accord de Paris.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada

L’inclusion d’une telle mention est essentielle, pour plusieurs participants à cette 27conférence des Nations unies sur le climat, qui ont accusé la présidence égyptienne de manquer d’ambition.

L’Égypte a annoncé la poursuite des négociations au moins jusqu’à ce samedi, au-delà de l’échéance prévue initialement vendredi soir.

Pertes et préjudices

Les négociations ont en revanche légèrement progressé sur la question des « pertes et préjudices » subis par les pays en développement en raison des changements climatiques, après que l’Union européenne (UE) a accepté le principe d’un « fonds de réponse », à certaines conditions.

L’UE demande notamment que ce fonds soit réservé aux « plus vulnérables » et que la base de contributeurs soit élargie, un avis que partage le ministre Steven Guilbeault.

« Nous croyons que le fonds devrait inclure tous les grands émetteurs [de gaz à effet de serre (GES)], comme la Chine, l’Arabie saoudite ou le Qatar », a-t-il énuméré, ajoutant que ces pays ont maintenant un niveau de vie plus élevé qu’au moment de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, en 1992.

« On avait alors essentiellement divisé le monde entre les pays développés et les pays en développement ; eh bien, ça a changé », constate le ministre, soulignant que la Chine est désormais la deuxième économie mondiale et le plus important émetteur de GES.

On ne peut pas prétendre que l’on continue de vivre dans le monde de 1992.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada

Ébauche timide

L’ébauche de déclaration finale de la COP27 divulguée vendredi réitère l’engagement de la communauté internationale à limiter la hausse de la température planétaire « bien en deçà de 2 °C sous les niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts [pour la limiter] à 1,5 °C ».

Elle « note que cela requiert une réduction immédiate, profonde et soutenue des émissions mondiales de gaz à effet de serre », mais n’évoque pas les moyens pour y parvenir.

L’objectif est d’ailleurs inatteignable en vertu des engagements actuels des pays, qui mèneront plutôt à un réchauffement de 2,4 °C d’ici à la fin du siècle, prévenaient les Nations unies avant le début de la COP27.

L’ébauche de 10 pages ne mentionne jamais les mots pétrole et gaz, sauf dans l’expression « gaz à effet de serre », et n’évoque les combustibles fossiles que dans un passage réitérant l’engagement pris à la COP26 de réduire les « subventions inefficaces » à ces énergies.

Elle « note » qu’un « soutien financier accru » des pays développés aux pays en développement « faciliterait » l’action de ces derniers, et exprime une « sérieuse préoccupation » devant l’échec des pays riches à respecter leur engagement d’amasser 100 milliards de dollars américains pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques.

Une nouvelle ébauche est attendue tôt ce samedi matin (dans la nuit de vendredi à samedi, heure du Québec).

En savoir plus
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    Huit des dix dernières COP se sont prolongées de plus de 24 heures, dont la COP25 de Madrid, en 2019, qui s’était prolongée de près de 48 heures.
    Source : Carbon Brief, site d’information sur les changements climatiques et l’énergie