Le gouvernement du Québec verse encore cette année 10 millions de dollars au Fonds pour l’adaptation aux changements climatiques des Nations unies, annoncera ce mardi le ministre Benoit Charette à la 27e conférence des Nations unies sur le climat (COP27), à Charm el-Cheikh, en Égypte.

Il y a un an, le gouvernement Legault avait aussi versé 10 millions à ce fonds destiné à aider les pays en développement à s’adapter aux conséquences des changements climatiques, lors de la COP26, multipliant ainsi par plus de trois la contribution de 3 millions de 2019.

Avec cette nouvelle contribution, Québec financera des projets touchant la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau, l’agriculture durable, la gestion des zones côtières, les forêts et la réduction des risques de catastrophes naturelles.

Cette contribution s’inscrit dans le « concept de justice climatique », qui veut que les États les plus responsables des changements climatiques aident ceux qui en souffrent le plus à y faire face, a expliqué Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, dans un entretien avec La Presse.

Les pays les plus vulnérables sont bien souvent des pays qui ont bien peu contribué [aux changements climatiques], qui ont des émissions [de gaz à effet de serre] par habitant plus basses.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Une telle aide « n’enlève pas l’obligation de réduire » les émissions du Québec, qui continuent d’alimenter la crise climatique, reconnaît le ministre, s’empressant d’ajouter que son gouvernement « a un plan très étoffé » en la matière.

« Les efforts en sol québécois, on les fait », dit-il, indiquant qu’il présentera le printemps prochain la troisième version de son plan de mise en œuvre des objectifs climatiques gouvernementaux.

« On serait carboneutres demain matin qu’on aurait quand même à subir les impacts des changements climatiques, qu’on aurait à s’y adapter, minimalement pour les 20 prochaines années », ajoute-t-il.

D’autres fonds promis

Benoit Charette promet de contribuer à un éventuel financement international des « pertes et préjudices » subis par les pays en développement en raison des changements climatiques, enjeu qui fait l’objet d’âpres discussions à la COP27.

« Étant donné que le fonds n’est pas encore constitué, on ne s’est pas commis, mais l’intérêt est là », assure-t-il.

L’Écosse avait annoncé des fonds pour les pertes et préjudices dès l’an dernier, à la COP26, mais le Québec « joue de prudence », dit le ministre Charette.

Le gouvernement Legault choisit d’ailleurs de contribuer au Fonds pour l’adaptation des Nations unies plutôt qu’à d’autres initiatives parce qu’il offre transparence, garanties de résultats et saine gestion des fonds publics, explique M. Charette.

C’est aussi en « droite ligne » avec son Plan pour une économie verte, qui reconnaît l’importance de collaborer avec les pays en développement, ajoute-t-il.

« Le Québec est l’un des rares états fédérés à contribuer à ce fonds-là », s’enorgueillit le ministre.

Québec a aussi annoncé lundi une contribution de 6,6 millions de dollars sur trois ans à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour appuyer le secteur de l’agriculture au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Haïti, frappé de plein fouet par la crise climatique.

Taxer la pollution

La COP27 est aussi l’occasion pour Benoit Charette de parler de l’interdiction de la vente de véhicules à moteur à combustion ou du marché du carbone du Québec et de la Californie.

« C’est toujours fascinant de voir à quel point on est sollicités par d’autres États », confie le ministre.

Si cet intérêt ne s’est pas encore traduit par l’ajout de nouveaux participants au marché du carbone, c’est parce que le Québec se montre « plus regardant sur les partenariats », explique le ministre Charette.

« On recherche moins des partenaires qui seraient vendeurs [de droits de polluer], on recherche des partenaires qui seraient acheteurs », précise-t-il.

Le ministre ajoute que l’intérêt des autres États concerne souvent les « outils » et les « protocoles » que le Québec a développés, estimant que l’important n’est pas tant d’élargir le marché du carbone Québec-Californie que de faire en sorte que les tarifications sur la pollution se multiplient.

« Ultimement, ce qu’on souhaite, dit-il, c’est qu’il y ait une taxe carbone qui soit implantée à la grandeur de la planète. »

En savoir plus
  • 923,5 millions US
    Somme investie (correspondant à 1227,7 millions CAN) depuis 2010 dans près de 100 pays en développement par le Fonds pour l’adaptation des Nations unies
    source : Fonds pour l’adaptation des Nations unies