Des réductions plus importantes et plus rapides des émissions polluantes de la Fonderie Horne que ce qui est prévu par Québec ont été réclamées à la consultation publique sur le sujet, mardi, à Rouyn-Noranda.

(Rouyn-Noranda) « Je suis indignée de savoir que mes concitoyens et moi n’avons pas le droit à la même qualité de l’air qu’ailleurs au Québec », s’est exclamée avec émotion Laurie Paquin.

La jeune femme qui vit à Rouyn-Noranda depuis 2016 se sent « trahie » depuis qu’elle sait qu’elle court un plus grand risque de développer des problèmes de santé dans sa ville d’adoption.

« Je demande l’atteinte de la cible intermédiaire de quinze nanogrammes [d’arsenic par mètre cube d’air] pas d’ici cinq ans, mais d’ici un an », et le respect de la norme québécoise de 3 ng/m⁠3 « pas plus tard que dans cinq ans », a-t-elle ajouté.

La même chose a été exigée par la quasi-totalité des gens qui ont pris la parole, mardi, lors des deux séances publiques de la consultation que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec mène au sujet de l’encadrement qu’il compte imposer à la fonderie pour les cinq prochaines années.

PHOTO DOMINIC LECLERC, COLLABORATION SPÉCIALE

Une consultation publique sur les émissions polluantes de la Fonderie Horne a eu lieu mardi, à Rouyn-Noranda.

« La fonderie devrait fermer et rouvrir lorsqu’elle atteindra la norme de 3 ng/m⁠3 », a lancé l’environnementaliste abitibien Henri Jacob, soulignant que les travailleurs devraient continuer d’être rémunérés en attendant pour ne pas avoir à payer pour l’inaction de leur employeur.

Jeunes mamans inquiètes

Seule l’imposition de la norme de 3 ng/m⁠3 est équitable pour l’ensemble de la population, ont fait valoir différents participants.

« Comment je vais faire pour vivre et regarder ma fille et lui dire : “Je le savais que toi, tu n’avais pas droit à la même norme” », s’est exclamée Valérie Plante Lévesque, qui habite à proximité de la fonderie et qui est déchirée à l’idée d’y rester.

Janie Savard, elle, a donné naissance à un bébé de petit poids qui souffre aujourd’hui d’asthme.

« Je dois vivre avec la culpabilité que mon fils est au 3e percentile et a des problèmes respiratoires », a-t-elle lancé, se disant exaspérée de l’inaction historique des autorités.

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Janie Savard

Les gouvernements successifs ne nous ont pas protégés face à une multinationale qui ne pense qu’à ses profits !

Janie Savard, citoyenne de Rouyn-Noranda

L’idée même que la population soit consultée sur les dérogations à accorder à l’entreprise a été largement critiquée par beaucoup, estimant que c’est à Québec de la forcer à se conformer à la réglementation.

« Quand la plomberie pète chez nous, j’appelle le plombier puis il fait sa job ; vous, vous êtes le ministère de l’Environnement, faites votre job », a lancé Maurice Duclos.

Réduire les intrants contaminés

Québec devrait exiger de la fonderie qu’elle cesse d’utiliser des intrants affichant des taux élevés d’arsenic, ont suggéré de nombreux participants, comme Lise Côté.

« Qu’on demande une réduction à la source, a-t-elle réclamé. Ce serait une façon de réduire ses émissions. »

« Les intrants, c’est quelque chose qui va être regardé assurément », lui a répondu le sous-ministre du MELCC, Marc Croteau.

L’indulgence du gouvernement à l’égard de la Fonderie Horne a assez duré, ont estimé différents participants, appelant à l’assujettir à une autorisation ministérielle plus contraignante.

« Ça fait 100 ans qu’ils sont là, il me semble que la progression a assez duré », a lancé Julie Bonapace.

Le DFrédéric Bonin a rappelé que le ministre sortant de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, avait dit l’été dernier que les exigences que Québec propose d’imposer à la Fonderie Horne pourraient être resserrées si elles ne recueillaient pas une approbation suffisante de la population.

« Ce que je vois, a-t-il lancé, ce n’est pas de l’acceptabilité sociale. »

La consultation publique se poursuit en ligne jusqu’à jeudi et Québec entend prendre une décision concernant le renouvellement de l’autorisation ministérielle de la Fonderie Horne « d’ici la fin du mois de novembre ».

Lisez « Le seuil proposé par Québec ne passe pas »

Blocage ferroviaire

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Les manifestants qui ont bloqué la voie ferrée, mardi

Une douzaine de manifestants ont bloqué la voie ferrée menant à la Fonderie Horne, mardi après-midi, « pour empêcher l’arrivée d’intrants contaminés » aux installations de l’entreprise. Le collectif Les métronomes de l’espoir estime que la fonderie est capable de respecter la norme québécoise de trois nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air (3 ng/m⁠3) en diminuant la quantité de matière traitée, « dont les intrants les plus concentrés en arsenic ». Les travailleurs et travailleuses de la fonderie ne doivent pas être sacrifiés par cette diminution, ajoute le groupe. « Glencore a les moyens de ne pas nous empoisonner », affirment les manifestants dans un communiqué distribué sur place. Le train qu’ils attendaient vers 16 h 30 n’est pas venu ; ils ont quitté les lieux vers 18 h 30.

En savoir plus
  • 131
    Nombre de personnes ayant participé aux séances publiques de la consultation, mardi
    source : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
  • 1210
    Nombre de formulaires remplis en ligne dans le cadre de la consultation publique jusqu’à maintenant
    source : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
  • 47
    Nombre de mémoires soumis dans le cadre de la consultation publique jusqu’à maintenant
    source : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques