La canicule continue de ravager le Vieux Continent : les incendies de forêt rasent le sud-ouest de la France et, pour la première fois de l’histoire, la température a atteint les 40 °C au Royaume-Uni.

Le mercure a atteint 40,3 °C dans la ville de Coningsby, une température jamais recensée auparavant en Angleterre, indique le Met Office, le service météorologique britannique. À l’aéroport d’Heathrow, dans l’ouest de Londres, le thermomètre enregistrait 40,2 °C mardi.

Le record de chaleur national datait de 2019 avec une température qui s’élevait à 38,7 °C. L’Écosse a elle aussi battu son record de température alors que le mercure est monté jusqu’à 34,8 °C.

Transports perturbés

Nombre de trains ont été annulés mardi en Angleterre en raison de la chaleur. À Paris, la Régie autonome des transports parisiens a été forcée de réduire la vitesse des trains à cause des chaleurs extrêmes qui mettaient en danger les infrastructures. La température pouvait s’élever jusqu’à 57 °C sur certaines portions des rails.

Au Royaume-Uni, les infrastructures ne sont pas adaptées à de telles chaleurs. Les bâtiments n’ont pas été pensés pour traverser des chaleurs extrêmes. Au contraire, les maisons étaient construites pour retenir la chaleur afin de composer avec les hivers froids, explique Daniel Victor dans le New York Times.

La chaleur accablante au Royaume-Uni a provoqué un incendie de 40 hectares de superficie dans le village de Wennington, à l’est de Londres.

Des experts estiment que la probabilité de voir le mercure s’élever à 40 °C au Royaume-Uni est aujourd’hui 10 fois plus élevée qu’à l’époque préindustrielle.

D’ici 30 à 70 ans, on prévoit des vagues de chaleur aussi intenses qui s’étireront sur plus de 30 jours consécutifs, souligne Éric Villenave, chimiste atmosphérique à l’Université de Bordeaux, en entrevue.

Déjà, après une semaine de canicule, on compte 748 décès liés à la chaleur en Espagne et au Portugal. En Gironde, 37 000 personnes ont été évacuées pour fuir les incendies.

Le sud-ouest de la France toujours enflammé

Le département français de la Gironde est la proie d’incendies de forêt depuis le 12 juillet. Deux incendies majeurs dans les communes de la Teste-de-Buch et de Landiras ont dévoré près de 20 000 hectares de végétation.

Dans la nuit de lundi à mardi, la fumée a envahi la commune de Pessac et couvert la ville de Bordeaux.

« C’était irrespirable », déplore en entrevue téléphonique Adeline Lebeault, qui réside en Gironde à près de 30 km des incendies.

 On ferme les fenêtres, mais ça passe au travers. Il y a des cendres dans ma maison.

Adeline Lebeault, résidante de la Gironde

La concentration en particules fines (PM2,5) s’élevait lundi à plus de 200 microgrammes/m⁠3 à Bordeaux en raison des incendies, indique l’Observatoire régional de l’air en Nouvelle-Aquitaine. L’Organisation mondiale de la santé recommande une concentration de 15 microgrammes/m⁠3 de particules fines par jour.

Il s’agit d’un épisode « catastrophique », souligne Éric Villenave. Les PM2,5 s’introduisent facilement dans les voies respiratoires puisqu’elles sont petites. Ainsi, elles peuvent atteindre les poumons et causer des maladies respiratoires et cardiovasculaires, explique le spécialiste. D’ailleurs, Santé publique France estime à 40 000 le nombre de décès attribuables à la pollution de l’air ambiant par année.

La forêt touchée par les incendies en Gironde s’étend sur 1 million d’hectares et représente la plus grande étendue de végétation du sud de la France. Elle est composée à 95 % de pins maritimes plantés à des fins économiques. Il s’agit d’un « drame humain » de la voir disparaître à une telle force, déplore Éric Villenave.

Pour Anne-Sophie Brunel, originaire d’Arcachon, la dune du Pilat, ravagée par l’incendie, est un symbole régional et le poumon de la Gironde. « Je suis extrêmement peinée de voir cette région partir en fumée », déplore-t-elle.

Solidarité et mobilisation

Sur les réseaux sociaux, la population se mobilise pour offrir de l’hébergement et de la nourriture aux personnes évacuées. Des résidants préparent même des repas pour les pompiers qui tentent de maîtriser le feu, souligne Anne-Sophie Brunel. Il s’agit d’une solidarité « extraordinaire ».

Comme les foyers ont été évacués d’urgence, de nombreux animaux domestiques ont été délaissés dans les secteurs à risque d’incendie, ajoute-t-elle. Le groupe Facebook Incendie Gironde Urgences Animaux 33 a été créé par des résidants pour venir en aide aux animaux abandonnés. Plus de 6000 personnes y sont maintenant abonnées. Des photos d’animaux domestiques circulent sur le groupe dans l’espoir de retrouver les maîtres. La population se mobilise également pour sauver les animaux sauvages.

D’ailleurs, quelque 370 animaux du zoo de la Teste-de-Buch ont été rapatriés dans le zoo de Pessac, près de Bordeaux, à plusieurs kilomètres des flammes.

Avec l’Agence France-Presse