(Québec) Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, soutient que ni Ottawa ni les études environnementales fédérale et québécoise ne pourront empêcher la construction du troisième lien.

La semaine dernière, son homologue fédéral Steven Guilbeault a annoncé qu’Ottawa mènera sa propre évaluation environnementale du projet de tunnel Québec-Lévis parce que celui-ci « traverse l’un des plus grands cours d’eau au pays ».

Lors d’une mêlée de presse mardi à l’Assemblée nationale, Benoit Charette a réitéré que cette évaluation est un « dédoublement inutile » qui « va entraîner des délais ». Surtout, il a précisé que, peu importe les résultats de cet exercice, « le fédéral ne pourrait pas ultimement empêcher la construction d’une infrastructure de cette nature-là au Québec ».

« Le fédéral n’a pas d’autorité sur la construction d’infrastructures au Québec. Donc le fédéral pourrait émettre un avis, mais le fédéral n’a aucune compétence sur une infrastructure qui doit être développée en sol québécois », a soutenu M. Charette, dont le gouvernement réclame à Ottawa de payer 40 % de la facture du projet qui est estimé jusqu’à 10 milliards de dollars.

Le ministre fait valoir que « si le fédéral s’inquiète pour certains enjeux environnementaux », il peut être « rassuré » par le fait que l’évaluation environnementale québécoise sera complète et couvrira « tous les aspects ».

Le ministère des Transports fournira sa propre évaluation environnementale, le BAPE fera son examen et le ministère de l’Environnement produira sa propre étude.

Mais toutes ces études, peu importe leurs conclusions, ne pourront empêcher la construction du tunnel, a indiqué Benoit Charette. « Lorsqu’il est question d’infrastructures de cette nature, les évaluations environnementales visent davantage à atténuer les impacts environnementaux négatifs et non pas de remettre en question l’infrastructure ou […] d’empêcher sa construction. Ce sont des évaluations qui, au gré des résultats qui nous seront communiqués, nous permettront d’ajuster certaines façons de faire pour s’assurer d’avoir le minimum d’impacts possibles au niveau environnemental. »

À la période des questions au Salon bleu, le ton a monté quand la députée de Québec solidaire (QS), Catherine Dorion, a rappelé au ministre des Transports, François Bonnardel, que le premier ministre François Legault lui-même reconnaissait la semaine dernière que le troisième lien n’est pas « en ligne avec les objectifs » verts du gouvernement.

M. Bonnardel a accusé QS de « carburer aux mensonges » avec sa campagne contre le projet, des propos antiparlementaires que le président François Paradis lui a demandé de retirer. Le ministre s’est exécuté, tout en se montrant agacé par les attaques du parti de gauche. « Je suis un peu tanné que Québec solidaire nous fasse passer comme des cancres de l’environnement. Quand on regarde les GES par habitant, on est premiers en Amérique du Nord. On ne le dira jamais assez », a-t-il plaidé.