(Jakarta) Un tribunal de Jakarta a jugé jeudi le président indonésien coupable de négligence face à la pollution qui étouffe la mégalopole indonésienne, dans une victoire symbolique pour les défenseurs de l’environnement.

Un panel de trois juges s’est prononcé en faveur des plaignants qui avaient engagé des poursuites il a deux ans contre le président indonésien Joko Widodo, le gouverneur de Jakarta Anies Baswedan et plusieurs ministres.

Le tribunal a jugé cinq des accusés sur sept coupables « d’avoir violé la loi », a indiqué le juge principal Saifuddin Zuhri, de la cour du district central de Jakarta.

Le tribunal les a condamnés à améliorer la qualité de l’air dans la capitale en adoptant des normes plus strictes et en contrôlant leur application.

La mégalopole d’Asie du Sud-Est, qui compte une trentaine de millions d’habitants, compte parmi les plus polluées au monde et les experts ont mis en garde contre les effets dévastateurs sur la santé de cette mauvaise qualité de l’air, notamment pour les enfants.

La pollution de Jakarta est due à un cocktail d’émanations de véhicules dans cette ville aux embouteillages records, d’une série de centrales à charbon qui encerclent la capitale, mais aussi à l’habitude qu’ont de nombreux habitants de brûler leurs ordures.

Depuis les années 2000, le niveau de pollution en Indonésie est trois à quatre fois plus élevé que les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé.

Si rien n’évolue, les habitants de Jakarta risquent de perdre en moyenne 5,5 années de vie à cause de la pollution, selon une étude réalisée par Air Quality Life Index de l’université de Chicago.

Le procès avait été intenté par une trentaine d’habitants de Jakarta, parmi lesquels des militants écologistes, des employés de bureau et un chauffeur de taxi, qui voulaient obtenir des actes des dirigeants indonésiens, mais surtout alerter les habitants, encore très peu sensibles aux questions environnementales.

Les plaignants ne réclamaient pas de dommages, mais le président indonésien et les responsables ont été condamnés à renforcer les normes de qualité de l’air, à identifier les sources de pollution et généralement à plus de transparence.

Le gouvernement « doit déterminer le statut de la qualité de l’air chaque année et le rendre public », relève le verdict.

L’une des avocates des plaignants, Ayu Eza Tiara, a estimé que les responsables condamnés devaient accepter leur « défaite » et appliquer la décision.

La présidence indonésienne n’a pas réagi dans l’immédiat ni les autres responsables mis en cause.