Les jeunes Québécois à l’origine du mouvement étudiant pour le climat ont interpellé la ministre canadienne de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, en marge du Sommet des champions de la nature, jeudi à Montréal.

L’étudiant Louis Couillard, de la coalition La planète s’invite à l’Université, et l’adolescente Sara Montpetit, du groupe Pour le futur Mtl, se sont invités à une conférence de presse de la ministre pour s’entretenir avec elle, ont-ils rapporté sur les réseaux sociaux.

La ministre leur a accordé une dizaine de minutes, a indiqué à La Presse sa porte-parole, Sabrina Kim.

Les deux militants lui ont présenté les quatre revendications à l’origine de la mobilisation étudiante des derniers mois, dont l’adoption d’une loi forçant l’atteinte des cibles recommandées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.

Ils lui ont également remis une « photo souvenir » de la manifestation monstre du 15 mars dans les rues de Montréal.

« La ministre a souligné qu’il était important que les jeunes agissent pour protéger notre planète, a indiqué Mme Kim. Elle les a également remerciés pour leur travail. »

Bien qu’ils soient reconnaissants à la ministre de leur avoir accordé de son temps, les deux représentants du mouvement étudiant s’étonnent des félicitations qu’elle leur a adressées.

« Il va falloir qu’ils comprennent qu’on n’est pas en train de leur donner une tape dans le dos quand on se ramasse 150 000 dans la rue ! » s’exclame Louis Couillard, joint par La Presse. « C’est un cri du cœur, on veut que ça change. »

L’étudiant fait le constat que la ministre McKenna n’a « aucune » mesure concrète à proposer, disant même avoir senti chez elle un sentiment « d’impuissance ».

« Elle a dit que ça sera dans “le prochain [mandat]” », s’insurge-t-il.

« Le gros problème c’est que l’enjeu des changements climatiques a été politisé », déplore Louis Couillard.

Sommet « spectacle »

Sara Montpetit et Louis Couillard sont par ailleurs ressortis interloqués de ce « Sommet des champions de la nature ».

L’événement réunissait des représentants de gouvernements étrangers, d’organisations non gouvernementales, des Nations unies, de peuples autochtones et d’entreprises dans le but de « former une nouvelle coalition ambitieuse et faire progresser la protection de la nature dans le monde », affirmait Environnement Canada.

« On capotait en voyant la quantité de bouteilles d’eau en plastique dans ce sommet-là », raconte l’étudiant.

« On trouvait ça très, très ironique, ajoute-t-il. On se sentait dans une espèce de spectacle, de festival, de satire. »

Nouvelles manifestations

Les jeunes entendent maintenir la mobilisation pour amener les gouvernements provincial et fédéral à prendre des mesures plus importantes pour lutter contre le réchauffement climatique et ses impacts.

Bon nombre d’entre eux doivent participer samedi à une grande marche pour le climat dans les rues de Montréal, événement clôturant la Semaine de la Terre.

Des organisations citoyennes, médicales, environnementales, communautaires et syndicales doivent également prendre part à la manifestation organisée par le mouvement La Planète s’invite au Parlement.

Des cortèges partiront à 14 h de trois endroits différents, soient la place des Festivals, le parc Laurier et le parc La Fontaine, et convergeront vers le parc Jeanne-Mance, au pied du mont Royal.

« On s’attend à ce que ce soit une grande manifestation festive », dit Louis Couillard.

Des manifestations étudiantes sont également prévues le 3 mai dans de nombreuses villes canadiennes, dont Montréal, Québec, Toronto et Vancouver.