Les conservateurs ont tenté lundi de renforcer leurs appuis auprès de la classe moyenne, tout en amadouant une partie des électeurs fâchés par leurs coupes dans la culture, en promettant des mesures pour faciliter l'accès des jeunes aux arts et aux études supérieures.

Lors d'un point de presse, le chef Stephen Harper a annoncé la création d'un nouveau crédit d'impôt remboursable de 500 $ par enfant de moins de 16 ans qui participe à des activités culturelles ou artistiques comme des cours de peinture ou de piano, par exemple.«Ces nouvelles politiques aideront les familles de travailleurs à souffler un peu et elles le feront d'une façon qui offre plus de possibilités à toutes les familles, y compris celles où les coûts sont de véritables obstacles», a insisté le politicien dans son allocution.

La semaine dernière, M. Harper avait suscité bien des réactions en affirmant que les «gens ordinaires» n'étaient pas interpellés par les sorties des artistes lors d'un «riche gala subventionné par les impôts».

Depuis, les troupes conservatrices tentent de renverser la vapeur et convaincre que le parti se préoccupe de la culture.

Le crédit d'impôt promis lundi s'apparente à celui que les conservateurs ont mis sur pied en 2006 pour les activités sportives et qui deviendrait remboursable. Ces deux mesures entraîneraient des dépenses de 230 millions $ supplémentaires pour le trésor public.

Dans les poches des contribuables, la mesure ferait économiser au plus 80 $ par enfant.

Comme cela avait été le cas pour les activités sportives, un comité sera chargé d'identifier le type d'activités artistiques admissibles. Selon M. Harper, la procédure est la même dans le cas de tous les crédits d'impôt et il ne s'agit pas de faire des choix idéologiques.

Entouré d'enfants et d'adolescents, M. Harper a par ailleurs laissé savoir qu'il modifierait les règles des Régimes enregistrés d'épargne étude (REEE) pour permettre aux oeuvres de charité et aux conseils de bande de créer des REEE aux noms d'enfants défavorisés.

M. Harper n'a pas voulu dire si ces mesures remplaceraient les programmes de soutien aux artistes professionnels que son gouvernement a abolis cet été. Il a toutefois admis qu'elles faisaient partie de son plan de soutien à la culture, au même titre que le financement de TV5 et celui du Conseil des arts du Canada.

Dans le document accompagnant l'annonce, le Parti conservateur explique ainsi qu'«en stimulant l'intérêt des enfants pour les arts nous soutenons l'éducation, développons des marchés pour les artistes professionnels et renforçons notre identité nationale».

Le chef s'est bien défendu de faire de l'électoralisme avec cette annonce, qui survient au moment où des sondages montrent une remontée du Bloc québécois, qui se présente depuis des semaines comme le seul rempart contre une majorité conservatrice. Au Québec, là où les compressions budgétaires des conservateurs dans le secteur des arts et les commentaires controversés de M. Harper ont eu le plus d'échos, le sujet semble avoir eu pour effet de souffler dans les voiles des bloquistes.

Dans le communiqué annonçant son crédit d'impôt pour les arts, le Parti conservateur affirme que «les arts sont essentiels à notre pays et à nos communautés». Le texte précise toutefois qu'ils ne devraient pas «un luxe réservé à quelques privilégiés».

«Je pense que cette annonce démontre encore que ce parti, ce gouvernement appuie la culture, mais il l'appuie d'une façon qui respecte l'argent des contribuables et qui bénéficie à toute la société et les familles», a insisté M. Harper.

En anglais, il a ajouté qu'à son avis, les Canadiens seraient heureux qu'un parti dépense «efficacement» leur argent, pour soutenir des activités dont tous peuvent bénéficier, plutôt qu'en consacrant de l'argent à des programmes qui n'atteignent pas leur objectif.