Le NPD se dirige vers une percée historique au Québec, révèle un nouveau sondage mené pour le compte du Droit.

La candidate Nycole Turmel serait sur le point de rafler la circonscription de Hull-Aylmer, pourtant libérale depuis près d'un siècle. Si la vague orange prédite par les sondeurs se concrétise, certains candidats du parti de Jack Layton devront interrompre leurs études, déménager et faire le ménage dans leurs pages Facebook.

L'enquête Segma révèle que la candidate néo-démocrate Nycole Turmel récolte 42% des intentions de vote dans ce bastion libéral, une avance de 13 points sur le député sortant, Marcel Proulx. Le bloquiste Dino Lemay et la conservatrice Nancy Brassard-Fortin, eux, recueillent respectivement 13% et 11% de la faveur populaire.

Cette nouvelle enquête, menée auprès de 503 personnes, comporte une marge d'erreur de 4,4 points de pourcentage. Elle survient deux jours après qu'un sondage Ekos eut prédit un raz-de-marée de 53 sièges néo-démocrates au Québec.

Si la tendance se maintient, le Québec élira un fort contingent de néophytes à la Chambre des communes, observe le politologue Réjean Pelletier, professeur à l'Université Laval. Le NPD n'a jamais fait élire plus d'un député dans la province. Plusieurs de ses candidats sont des étudiants sans expérience politique.

«Souvent, dans ces tiers partis, il y a ce qu'on appelle des poteaux, constate M. Pelletier. Ça semble être le cas ici.»

Dans la circonscription de la ministre Josée Verner, c'est une étudiante en linguistique qui représente le NPD. La description d'Alexandrine Latendresse est laconique sur le site du parti, mais sa page Facebook fait état de son intérêt pour la lutte et la vodka glacée.

«Je suis la procrastination incarnée», écrit-elle sur la page.

Bien d'autres candidats québécois du NPD n'ont pas terminé leurs études, notamment Matthew Dubé (Chambly-Borduas), Ève Peclet (La Pointe-de-l'Île) et Laurin Liu (Rivière-des-Mille-Îles).

Pas des «poteaux»

Le porte-parole du NPD au Québec, Cédric Williams, se défend de présenter des «poteaux». «Leur nom est sur le bulletin de vote. Ils savaient qu'ils avaient la possibilité d'être élus.»

Cela dit, des candidats néo-démocrates sont absents de la circonscription qu'ils souhaitent représenter. Le Nouvelliste a révélé au cours du week-end que Ruth Ellen Brosseau, qui brigue les suffrages dans Berthier-Maskinongé, est gérante adjointe d'un pub... à Hull. Pour sa part, Nicole Laliberté se présente à Lévis-Bellechasse, mais habite à Montréal. Un peu partout, des hebdomadaires rapportent que les candidats néo-démocrates ne donnent pas suite à leurs demandes d'entrevue.

«Il y a des gens parmi nos candidats qui ont des emplois, qui sont obligés de gagner leur vie», explique Cédric Williams.

Guy Caron, candidat dans Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, est originaire du Bas-Saint-Laurent mais il réside à Gatineau. Il fait campagne à temps partiel afin de concilier son emploi au Syndicat canadien de l'énergie et du papier et son engagement politique. S'il remporte la victoire, il compte déménager. «Ça va être le chemin inverse, lance-t-il avec humour. Les députés élus doivent trouver un domicile dans la région d'Ottawa-Gatineau. Pour moi, je vais devoir trouver un domicile dans la région de Rimouski, d'où je suis originaire!»