Le chef conservateur Stephen Harper se retrouve avec quatre ministres en moins après les élections de mardi, mais peut compter sur une trentaine de nouveaux visages pour remodeler son cabinet.

Ce qui semble évident étant donné la tourmente économique mondiale, c'est que le premier ministre n'écoutera pas les voix appelant en coulisses au remplacement du ministre des Finances, Jim Flaherty.

Des sources internes ont soutenu que déplacer M. Flaherty irait à l'encontre de la promesse du chef conservateur de garder le cap et secouerait les marchés boursiers au moment où le gouvernement doit le plus faire preuve de stabilité. Un conservateur de l'Ontario bien informé a fait valoir jeudi que le premier ministre avait promis des gestes économiques «importants et immédiats», ce qui cadrerait mal avec l'arrivée d'un nouveau ministre qui devrait prendre le temps de faire ses devoirs.

Par ailleurs, M. Harper devra s'assurer de la représentativité de son cabinet.

Encore une fois, la région de Montréal se retrouve sans député conservateur, le ministre non élu Michael Fortier qui représentait le meilleur espoir du parti ayant dû s'avouer vaincu dans Vaudreuil-Soulanges. Le premier ministre a signifié mercredi son intention de n'inclure cette fois que des élus dans son groupe.

Le ministre sortant des Transports Lawrence Cannon, réélu dans l'Outaouais, pourrait changer de chaise. Les conservateurs ont aussi fait élire des députés dans la région de Québec et au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

David Emerson, élu sous la bannière libérale en janvier 2006 avant de passer chez les conservateurs, avait choisi de ne pas se présenter à ces élections, à Vancouver. Son ministère des Affaires étrangères est le plus important que le premier ministre devra combler.

Certains croient que le ministre de l'Industrie de Calgary, Jim Prentice, pourrait prendre le relais de M. Emerson, le premier ministre gardant ainsi occupé un prétendant au leadership potentiellement gênant.

Monte Solberg, aux Ressources humaines, n'a pas tenté de se faire réélire dans Medicine Hat, en Alberta, pas plus que Loyola Hearn, le ministre sortant des Pêches de Terre-Neuve-et-Labrador.

L'effet domino de combler ces quatre postes remet la structure entière en jeu.

M. Harper devrait faire connaître la composition de son cabinet autour du 27 octobre.

Au Québec, outre M. Cannon, le ministre sortant du Travail Jean-Pierre Blackburn, la ministre sortante du Patrimoine Josée Verner et le ministre sortant des Travaux publics Christian Paradis devraient tous trouver leur place dans le cabinet conservateur.

L'ex-ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, représente la carte cachée du jeu conservateur. M. Bernier avait perdu son emploi après avoir laissé des documents classifiés au domicile de son ex-copine Julie Couillard dans une affaire largement médiatisée. Réélu mardi en Beauce, M. Bernier n'avait pas caché son désir de réintégrer le cabinet.

Il y a aussi de nouveaux venus à accommoder. Les conservateurs n'ont obtenu que 16 sièges de plus à ces élections, mais les victoires, les revers et les retraites ont fait en sorte d'inclure 35 recrues dans les rangs du parti.

«Malgré tout ce qui est dit sur le statu quo, le fait est qu'il y a beaucoup de nouveaux membres du Parlement talentueux, en particulier des femmes», a soutenu Goldy Hyder, un lobbyiste et conservateur de longue date.

M. Harper a été souvent critiqué pour le manque de femmes dans son cabinet et pourrait décider de leur accorder une plus grande place cette fois.

Plusieurs noms circulent, dont celui de Lisa Raitt, qui a délogé le conservateur devenu libéral Garth Turner dans la circonscription de Halton, en banlieue de Toronto. Elle est la présidente directrice-générale de l'autorité portuaire de Toronto et est considérée comme une sérieuse prétendante à un poste de ministre.

Peter MacKay devrait conserver le ministère de la Défense, mais Gerry Ritz pourrait avoir perdu la confiance de son chef après sa performance à l'Agriculture durant la crise de la listériose.

Tony Clement souhaiterait changer de chaise après plus de deux ans passés à la Santé.