L’écart de scolarisation universitaire entre le Québec et l’Ontario a continué de se creuser entre 2016 et 2021, pour atteindre 7,3 points de pourcentage de différence en faveur de l’Ontario. La raison principale de ce décalage croissant ? La forte scolarisation des immigrants, qui sont plus nombreux dans les autres grandes provinces du Canada qu’au Québec.

Le Québec tire de l’arrière pour les grades universitaires…

Dans son étude intitulée Les titulaires d’un grade universitaire : situation au Québec et comparaisons canadiennes, l’Institut de la statistique du Québec a analysé les données de recensement pour le Québec, l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique et le pays tout entier.

Selon le plus récent recensement, 29,5 % des Québécois de 25 à 64 ans sont titulaires d’un grade universitaire, comparativement à 36,8 % en Ontario, 31,1 % en Alberta et 35 % en Colombie-Britannique. On en est donc à un écart de 7,3 points de pourcentage en faveur de l’Ontario, en 2021.

Au Québec, en 2021, un titulaire de grade universitaire sur quatre (25,7 %) a une maîtrise – et c’est son grade le plus élevé – et 3,8 %, un doctorat.

… mais a plus de diplômés postsecondaires que les autres provinces

Malgré les retards du Québec en matière de grades universitaires, la proportion de ses citoyens qui en sont titulaires est néanmoins en constante progression depuis 2006.

Aussi, comme le souligne Christine Lessard, agente de recherche pour cette étude, nous avons au Québec « une plus forte proportion de personnes qui détiennent un diplôme postsecondaire, quel qu’il soit, que dans les autres provinces ».

Les gens qui ne détiennent qu’un diplôme secondaire ou moins sont donc proportionnellement moins nombreux au Québec qu’ailleurs au Canada.

Moins de diplômés universitaires, mais plus de diplômés postsecondaires ? Comment est-ce possible ?

Deux choses expliquent cette subtilité. D’une part, au Québec, « il y a une forte proportion de personnes qui ont des diplômes décernés par les cégeps, établissements qui n’existent pas dans les autres provinces », rappelle Mme Lessard.

Aussi, poursuit-elle, le Québec, davantage que les autres provinces, offre beaucoup de certificats ou de diplômes inférieurs au baccalauréat.

Mme Lessard souligne enfin à ce propos que de 2006 à 2021, on note un recul de la proportion de personnes qui sont tout au plus titulaires d’« un diplôme d’études secondaires ou [d’]une attestation d’équivalence », et ce, aussi bien au Québec qu’en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique qu’au Canada dans son ensemble. Mais « c’est au Québec que ce recul est le plus prononcé ».

Les effets de l’immigration

« De manière générale, les immigrants et les résidents non permanents sont plus scolarisés que les non-immigrants ; par exemple, une plus grande part d’entre eux détiennent un grade universitaire », peut-on lire dans l’étude

Or, comme le souligne Mme Lessard à La Presse, la part d’immigrants dans la population âgée de 15 ans et plus est beaucoup plus élevée en Ontario (34 %) et en Colombie-Britannique (33 %) qu’au Québec (17 %.). « Leur forte scolarisation universitaire a forcément plus d’effets dans ces deux provinces qu’au Québec. »

Résultat : de 2016 à 2021, « l’accroissement du retard de scolarisation entre le Québec et l’Ontario et entre le Québec et la Colombie-Britannique est principalement lié à l’immigration ».

Mais même si on exclut la population immigrante, « il demeure que les écarts de scolarisation universitaire entre le Québec et l’Ontario et entre le Québec et la Colombie-Britannique chez les non-immigrants âgés de 25 à 34 ans sont défavorables au Québec et se sont légèrement accrus entre 2016 et 2021 », peut-on lire dans l’étude.

Un écart hommes-femmes particulièrement prononcé au Québec

Selon le recensement de 2021, au Québec, 56,1 % des titulaires d’un grade universitaire sont des femmes et 43,9 % sont des hommes. Chez les 25-34 ans, « l’écart de diplomation universitaire entre les hommes et les femmes est particulièrement prononcé. Il atteint 12,7 points de pourcentage ».

Comme le mentionne l’étude, « c’est au Québec que l’écart de scolarisation universitaire entre les hommes et les femmes est le plus élevé » (encore une fois en comparaison de l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique et l’ensemble du pays).

Les hommes sont donc nettement moins scolarisés que les femmes dans la province, mais il y a quand même des signes encourageants. « Pour la première fois depuis 30 ans au moins, est-il écrit dans l’étude, la population des titulaires d’un grade universitaire âgée de 25 à 34 ans a crû davantage chez les hommes que chez les femmes. »

Notons cependant qu’au Québec, la rémunération horaire moyenne des femmes occupant un emploi salarié s’établit à 90,8 % de celle des hommes, selon les données de 2021 de l’Institut de la statistique du Québec.