L’entente de principe conclue entre Québec et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a finalement été adoptée à l’arraché vendredi grâce au vote à 50,58 % en sa faveur du dernier syndicat appelé à se prononcer.

Le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) a indiqué que 2000 membres avaient adopté l’entente de principe par cette mince marge au terme d’un vote qui s’est échelonné sur 48 heures.

Son conseil d’administration avait pourtant recommandé à ses membres de la rejeter en raison du « mépris apparent » du gouvernement envers les enseignants.

« La FAE confirme que l’entente de principe du 28 décembre 2023 a été acceptée par les membres », a indiqué la Fédération, sur sa page Facebook, dissipant le flou quant aux conséquences de ce dernier vote.

Québec prend acte

En effet, en raison d’une procédure complexe de comptabilisation des voix, il n’était toujours pas clair vendredi si le résultat du scrutin au SEHY signifiait que l’entente nationale négociée avec Québec par la FAE serait adoptée ou non.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente de la FAE, Mélanie Hubert

Le résultat sera confirmé officiellement par les délégations des syndicats affiliés lors du Conseil fédératif de négociation du 7 février prochain, a indiqué la FAE, par courriel, en précisant qu’elle n’émettrait pas d’autres commentaires. Une conférence de presse de sa présidente, Mélanie Hubert, est déjà prévue lundi prochain.

« Nous prenons acte du résultat et soulignons qu’il s’agit d’une entente négociée qui répond à des enjeux importants de part et d’autre : on vient améliorer les services, les conditions de travail, l’organisation du travail et les salaires », a réagi, quelques minutes après l’annonce du résultat du vote du SEHY, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

« Il est évident que la négociation ne règle pas tout. Nous bâtirons sur les avancées réalisées pour continuer de travailler sur certains éléments comme la composition de la classe, par exemple. Nous avons entendu le message des enseignants », a-t-elle poursuivi dans une déclaration.

Un « fort message d’insatisfaction »

Pour le professeur agrégé au département de relations industrielles de l’Université Laval François Bolduc, ce résultat serré transmet « un message fort d’insatisfaction des enseignants par rapport aux conditions d’exercice ».

Ces derniers jours, dit-il, il a beaucoup été question de démocratie syndicale. Sans doute les organisations feront-elles un examen de ce qui s’est passé et de ce qui pourrait être amélioré. Des façons de faire pourront être revues.

Cela étant dit, poursuit M. Bolduc, un vote syndical n’est pas comme un jour d’élection où il suffit de déposer son bulletin de vote dans l’urne.

Les syndicats sont des « organisations démocratiques avec des assemblées générales où les gens peuvent débattre », et parfois, « c’est long ».

Les ententes de principe prévoient de nouvelles augmentations de salaire pour les profs, qui n’étaient pas sans savoir par ailleurs que le gouvernement est aux prises avec une pénurie de personnel et que beaucoup de monde ne pouvait pas arriver d’un coup en renfort pour alléger le fardeau de chacun.

En effet, dit M. Bolduc, « ça ne pouvait pas être miraculeux. Mais les syndiqués ont utilisé les leviers qu’ils avaient [la grève] » pour jeter la lumière « sur la situation dans laquelle on se trouve après 20 ans de réformes en santé et en éducation », qui tardent à porter leurs fruits.

Une procédure complexe

En vertu de ce vote, le compte final est de cinq syndicats de la FAE pour l’entente de principe et de quatre contre.

On entend généralement que l’entente nationale devait être acceptée à la double majorité, soit 50 % des voix et 50 % des syndicats affiliés, pour qu’elle soit entérinée. Or, la procédure est plus complexe.

Pour être entérinée, l’entente devait obtenir une majorité d’« unités syndicales » et une majorité de « mandats » en sa faveur distribués en fonction d’une mécanique complexe.

La FAE compte neuf syndicats affiliés qui réunissent 66 500 profs. Dans le cadre des négociations menant au renouvellement de leur convention collective, ceux-ci ont tenu une grève de 22 jours à la fin de la dernière année.

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse

ÉTAT DES VOTES DANS LA FAE

Ont voté POUR

  • Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île (SEPÎ) (4384 membres) : acceptée à 58 %
  • Alliance des professeures et professeurs de Montréal (11 343 membres) : acceptée à 52 %
  • Syndicat des enseignants de l’Outaouais (SEO) (6582 membres) : acceptée à 57 %
  • Syndicat de l’enseignement de l’Ouest de Montréal (SEOM) (7266 membres) : acceptée à 51 %
  • Syndicat des enseignants de la Haute-Yamaska (SEHY) (2001 membres) : acceptée à 50,58 %

Ont voté CONTRE

  • Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL) (6346 membres) : rejetée à 68 %
  • Syndicat de l’enseignement des Basses-Laurentides (SEBL) (5259 membres) : rejetée à 72 %
  • Syndicat de l’enseignement des Seigneuries (SES) (705 membres) : rejetée à 58 %
  • Syndicat de l’enseignement de la région de Québec (SERQ) (6400 membres) : rejetée à 60 %