Il n’y a pas que les élèves du primaire et du secondaire qui sont touchés par les grèves en cours dans le secteur public. Les cégépiens pourraient eux aussi voir leur session amputée de plusieurs jours ou prolongée en raison des nouvelles journées de grève annoncées par le Front commun.

Quatre-vingt-deux jours : c’est la durée prévue pour chaque session au cégep, selon le règlement sur le régime des études collégiales.

Or, les jours de grève qui ont eu lieu dans les dernières semaines et ceux qui s’annoncent si les négociations entre le Front commun et Québec n’avancent pas risquent de modifier le calendrier de la session en cours.

Qu’arrivera-t-il alors ?

« Ce qui est particulier dans le réseau collégial, c’est que ce sont des sessions : on ne peut pas récupérer par la suite », dit Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

« Théoriquement, on pourrait poursuivre la session entre Noël et le jour de l’An, ou au mois de janvier », dit M. Tremblay. Il ajoute néanmoins que certains élèves terminent leur parcours collégial et quittent leur appartement et que des élèves internationaux ont des permis d’études qui viennent à échéance.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégep

Certains cégeps sont déjà attelés à réorganiser leur horaire, dit le président de la Fédération des cégeps.

« Il y a déjà un impact : ça veut dire pour certains organiser des cours passé Noël. Il y a au moins la moitié des cégeps qui sont sur le point de bascule », dit Bernard Tremblay.

Une passation de l’épreuve uniforme de français, obligatoire pour obtenir son diplôme d’études collégiales, est aussi prévue le 13 décembre. S’il y a grève, « ça aussi, ça devra être reporté », dit Bernard Tremblay.

Les cégeps peuvent formuler une demande à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, pour que la session soit raccourcie. « C’est une mesure d’exception », dit Bernard Tremblay.

La ministre Déry n’a pas souhaité nous accorder d’entrevue à ce sujet, mais par écrit, son cabinet indique que « si les journées de grève se concrétisent, toutes les options sont sur la table. Il n’est pas impossible que des journées de cours ainsi que l’épreuve uniforme de français soient reportées ».

« Le moyen de pression par excellence »

Vice-président du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN, donc membre du Front commun, Yves de Repentigny dit qu’il est un « vétéran » de la grève étudiante de 2012.

« J’enseignais au cégep du Vieux-Montréal, et j’ai connu l’immense réorganisation de calendrier qu’il y a eue. La session d’hiver a été stoppée net et on l’a terminée à l’automne », rappelle-t-il.

Ce sont des choses qui arrivent, des calendriers qui se déportent dans le temps. C’est clair que pour nous, les profs, le moyen de pression par excellence, c’est quand on arrête de donner nos cours.

Yves de Repentigny, vice-président du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN

Il souhaite que les cégeps respectent l’autonomie professionnelle des profs, sans nécessairement prolonger la session en cours. « Peut-être qu’ils vont devoir ajouter des jours, mais ce sera peut-être au prof de décider comment il veut s’assurer que les compétences des étudiants soient atteintes », ajoute-t-il.

Les élèves, de leur côté, soutiennent les revendications du Front commun.

« On va avec le fondement qu’un enseignant bien payé dans de bonnes conditions de travail va mieux enseigner et ça va profiter directement à la population étudiante », dit Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION ÉTUDIANTE COLLÉGIALE DU QUÉBEC

Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec

Elle invite la ministre Pascale Déry à modifier « exceptionnellement » le règlement qui prévoit 82 jours à la session en cours.

« On veut que la session se termine à l’automne, comme prévu. On ne voudrait pas que ça s’allonge à la session d’hiver : il y a des gens qui sont inscrits à l’université, des gens qui vont entrer sur le marché du travail », dit-elle.

Au cabinet de Pascale Déry, on indique que « la ministre est en étroite communication avec la Fédération des cégeps et suit l’évolution de la situation de très près ».