C’est la fin d’un long bras de fer entre l’Université McGill et un groupe de professeurs de droit. Le Tribunal administratif du travail a accepté la création d’un premier syndicat de professeurs dans l’histoire de l’établissement.

C’est un fait rare dans les universités québécoises : les professeurs de McGill ne sont pas syndiqués. Enfin, pas tous.

Dans une décision rendue mardi, le Tribunal administratif du travail reconnaît l’Association mcgillienne des professeurs de droit (AMPD), qui devient ainsi le premier syndicat de professeurs à McGill.

En novembre 2021, le groupe de 51 professeurs avait déposé une demande d’accréditation au Tribunal, provoquant un bras de fer avec l’université.

C’est que l’université estimait que le syndicat demandé par les professeurs de droit « n’était pas approprié », car il ne concernerait que leur faculté et ne tiendrait pas compte « des intérêts convergents d’un groupe plus large d’employés et de l’histoire des relations de travail à l’Université McGill ».

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Finalement, l’administration n’a pas été en mesure de le démontrer au Tribunal administratif du travail, qui a tranché en faveur des profs.

« Enfin, la syndicalisation est arrivée à une faculté de professeurs à McGill. Ce n’est pas du tout radical. La syndicalisation est la norme dans l’enseignement supérieur au Québec et au Canada », a réagi MSibel Ataogul, qui représentait l’AMPD.

« Nous sommes ravis de la décision prise aujourd’hui par le Tribunal. Elle valide notre position depuis le début, à savoir que, grâce au soutien d’une supermajorité de professeurs de droit, l’association jouit d’une légitimité en tant que représentant collectif des membres de notre faculté », s’est réjoui Evan Fox-Decent, professeur et président par intérim de l’AMPD.

Au Québec, la quasi-totalité des professeurs d’université est syndiquée. Dans le cas de McGill, l’université fonctionne avec une association non syndicale et un Sénat où siègent des représentants du corps professoral.

Or, la réponse de l’université à la pandémie a remis en cause son modèle de gouvernance.

« On a réalisé, et c’était très clair pour tout le monde, que c’était une administration centralisée qui ne voulait pas entrer en discussion avec les professeurs », déplorait en avril Richard Janda, secrétaire par intérim de l’association.

La décision ne concerne que les professeurs de droit, mais M. Janda affirmait à l’époque que les autres facultés regardaient « de près » l’affaire.