(Québec) Les enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) demandent un nouveau rattrapage salarial, soit 4 % d’augmentation par année sur trois ans, et ce, en plus d’élever leurs salaires à la moyenne canadienne.

Les négociations reprennent déjà entre Québec et les syndicats du secteur public, alors que les dernières conventions collectives pour la période allant de 2020 à mars 2023 ont été entérinées au printemps 2021. Après la FAE jeudi, ce sera au tour de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS, réunis en front commun, à déposer vendredi leurs revendications au Conseil du trésor, à nouveau présidé pour ces négociations par la ministre Sonia LeBel.

Si elle déclarait que la dernière entente avec le gouvernement marquait « l’histoire de la profession », qualifiant les avancées de « majeures », puisqu’en rémunérant mieux les enseignants, « cela revalorisera la profession, contribuera à favoriser l’attraction et la rétention, et donc contrecarrera les effets de la pénurie qui sévit actuellement dans les écoles publiques du Québec », la FAE estime cette année qu’il « ne faut pas s’arrêter à mi-chemin ».

Au niveau salarial, les quelque 60 000 enseignants représentés par le syndicat demandent un rattrapage de base au niveau de la moyenne canadienne (une augmentation estimée à 7,8 %), en plus d’une augmentation salariale annuelle liée à l’indice des prix à la consommation (IPC), avec un minimum de 4 % par année sur trois ans.

« François Legault a beau nous dire qu’il a augmenté les salaires [lors de la dernière convention collective], il faut quand même comprendre qu’au Canada, les profs du Québec sont les moins bien payés à l’entrée. Ils gagnent environ 5000 $ de moins que leurs compatriotes des autres provinces. Et à la sortie, malgré le rattrapage qu’on a fait, les profs gagnent 3000 $ de moins que [leurs homologues] au Canada », a dénoncé jeudi devant le Parlement à Québec Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

« Avec le PIB, se comparer avec l’Ontario, c’est correct. Quand on parle du salaire des médecins, se comparer avec d’autres provinces, c’est correct. Mais comparer [le salaire des] profs, c’est pas correct ? Moi, j’achète pas cette salade-là », a-t-elle ajouté.

Des demandes récurrentes 

Les enseignants représentés par la FAE demandent aussi au gouvernement Legault de bonifier leurs congés pour des raisons familiales et de procéder à l’ouverture de nouvelles classes adaptées aux besoins des élèves ayant des difficultés d’apprentissage et d’adaptation, entre autres.

Parmi les demandes du syndicat se trouvent plusieurs revendications qui reviennent à chaque négociation avec le gouvernement. La présidente de la FAE, Mélanie Hubert, estime qu’il est temps que le ministère de l’Éducation se dote de statistiques fiables qui permettraient de mesurer les effets des mesures mises en place dans les renouvellements de conventions collectives et d’avoir l’heure juste si les conditions essentielles à un enseignement de qualité s’améliorent à travers les années.

« On pourrait d’abord essayer de mieux observer ce qui se passe dès l’entrée au baccalauréat [en enseignement] », lors des stages, « et toute [la question de] l’insertion professionnelle en début de carrière », a énuméré Mme Hubert.

« Il y a encore de 25 à 30 % de nos jeunes qui désertent la profession. On dénonçait ça il y a 20 ans ! Ça, ça pourrait être un indicateur qu’on vise à faire changer. Selon nous, si les conditions étaient intéressantes, les gens ne nous quitteraient pas au bout de cinq ans », a-t-elle dit.