La pénurie de profs frappe si fort à Fermont qu’une mère doit enseigner en l’absence d’une enseignante qualifiée dans cette ville de 2200 habitants. Une situation « inconcevable », dénoncent des parents.

Depuis le début de l’année scolaire, les élèves d’une classe de 5e année de l’école des Découvertes de Fermont ont devant eux une mère qui s’est portée volontaire quand l’enseignante titulaire du groupe est tombée en congé de maladie.

L’école a tenté de trouver une enseignante qualifiée, sans succès. « Quand elle a vu que cette classe n’avait pas de prof, une mère a accepté de s’en occuper. Elle fait ce qu’elle peut », dit Catherine Simard, dont le fils est dans cette classe.

Il y a un mois, une vingtaine de parents ont écrit une lettre à la direction de l’école pour dénoncer la situation.

La mère qui est devant la classe « ne peut être imputable des résultats des élèves sachant qu’elle n’est pas enseignante de formation et que peu d’enseignement aura été fait durant la 1re étape », y lit-on.

« On n’a rien à dire contre elle, une chance qu’on l’a ! Mais elle fait la base, elle n’a pas la pédagogie pour enseigner aux enfants », dit Édith Caron, instigatrice de cette lettre.

« On n’a pas de marge de manœuvre »

Une personne non légalement qualifiée a la responsabilité de ce groupe de 5e année, confirme Richard Poirier, directeur général du centre de services scolaire du Fer.

« J’ai du soutien en orthopédagogie qui a été ajouté dans la classe, une éducatrice spécialisée, on tente de mettre des ressources en mentorat pour accompagner cette personne », dit M. Poirier.

Les parents disent que pendant plusieurs semaines, les enfants n’ont pas eu de devoirs à faire et jusqu’à vendredi dernier, aucun examen à passer.

« Il y a quelqu’un qui fait le plan de cours pour la remplaçante et elle suit ça. Ça avance quand même un petit peu », dit Catherine Simard, qui observe que la mère qui prête main-forte a « beaucoup de pression sur les épaules ».

Le recrutement d’enseignants qualifiés à Fermont est « plus intense cette année », admet le directeur général du centre de services scolaire du Fer.

« Pendant plusieurs années, c’était un endroit où on pouvait attirer des gens plus facilement qu’actuellement », dit M. Poirier. Seulement à Fermont, il estime qu’il faudrait embaucher trois enseignants supplémentaires. Dans l’ensemble du centre de services scolaire : dix.

« On est vulnérables : s’il y a un enseignant qui tombe en invalidité, il faut se retrousser les manches et trouver comment s’organiser. Je n’ai pas de marge de manœuvre », dit M. Poirier.

Méthode de calcul

Comment explique-t-il alors que dans le bilan hebdomadaire de la pénurie enseignante diffusé par le ministère de l’Éducation, on indique qu’il ne manque aucun enseignant dans ce centre de services ?

« Le Ministère recense les postes à temps complet. Un remplacement, ce n’est pas un poste à temps complet », dit Richard Poirier, qui s’abstient de commenter la méthode de calcul de Québec en ce qui a trait à la pénurie enseignante.

En attendant de savoir si l’enseignante qualifiée sera de retour le mois prochain, Édith Caron fait ce qu’elle peut avec son fils pour pallier le manque d’apprentissages en classe.

« J’essaie de travailler le plus que je peux avec mon fils : je vais sur l’internet pour trouver des exercices, je vais sur le site d’Alloprof pour expliquer des notions en français. Mais je ne suis pas professeure, je suis infirmière ! », dit Mme Caron.

« On souhaite que la prof revienne le plus vite possible », conclut Catherine Simard.

En savoir plus
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    Nombre de postes à temps complet à pourvoir dans les écoles de la province. Seuls 51 centres de services sur 72 ont répondu à la collecte de Québec.
    source : plus récent bilan du ministère de l’Éducation du Québec