En raison d’une erreur dans l’envoi d’un document administratif, une étudiante d’origine française de l’Université Concordia qui se destine à l’enseignement au Québec se retrouve sans statut, ne peut plus travailler ici et risque de perdre le droit de travailler dans son domaine au terme de sa scolarité.

Camille Dantin, qui est au pays depuis 2015, a fait une erreur bête. Au lieu d’envoyer son certificat d’acceptation du Québec actuel et valide, elle a plutôt envoyé celui qui était daté de 2020.

En raison de cette bourde, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) lui a refusé, le 13 septembre, son permis d’études pour l’année scolaire en cours.

Je me retrouve donc ici sans statut et je n’ai plus le droit de travailler au Québec.

Camille Dantin

Mme Dantin se retrouve sans revenus, après avoir dépensé des dizaines de milliers de dollars, dit-elle, dans ses études et son installation ici.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a écrit à IRCC pour lui demander de changer sa décision. « Nous sommes bien conscients qu’il s’agit d’une erreur de la commettante et non pas d’IRCC, et que dans un tel cas les demandes de reconsidération sont rarement accordées. Cependant, compte tenu des conséquences professionnelles et académiques d’une simple erreur humaine de manipulation administrative, nous vous demandons tout de même de porter votre attention au dossier. »

Un « élément positif »

À l’Université Concordia, Mme Dantin suit un programme de spécialisation en enseignement des arts visuels. Or, ce diplôme ne sera pas reconnu en France, et c’est bien au Québec qu’elle souhaite être enseignante.

Lara Chaparro, enseignante en mathématiques et en arts plastiques à l’école Face à Montréal, a dirigé le stage de Mme Dantin. À son avis, Mme Dantin et le Québec perdraient gros si IRCC ne réévalue pas sa décision.

Juste à cause d’une erreur de paperasse, on risque de perdre une excellente candidate, qui parle parfaitement français et qui est très douée comme enseignante.

Lara Chaparro, enseignante en mathématiques et en arts plastiques à l’école Face à Montréal

Mme Dantin a aussi dans son dossier une lettre de l’école Face soulignant à quel point il serait regrettable de devoir se séparer de cet « élément positif » dans un contexte de pénurie d’employés en éducation.

Dans son plaidoyer au ministère de l’Immigration, Camille Dantin souligne que si le visa étudiant ne lui était accordé qu’à la rentrée prochaine, les conséquences seraient désastreuses. Un étudiant étranger est tenu de suivre sa scolarité à temps plein. Autrement, « c’est considéré comme une infraction aux yeux d’IRCC. Cela signifie que je ne suis plus admissible au permis de travail postdiplôme ».

« Une fois que j’aurai reçu mon certificat en enseignement, conçu pour les écoles aux Québec, je n’aurais pas le droit de travailler et donc d’enseigner au Canada. Je devrais retourner en France, où ce diplôme n’a aucune équivalence, et ce, avec une dette considérable. »

Mme Dantin aura fini ses études à Concordia en mai 2023 et elle a déjà accumulé une centaine de crédits.

IRCC dit ne pas transmettre de renseignements à un média dans un dossier en particulier, à moins d’une autorisation signée de la personne au dossier, ce à quoi Camille Dantin a consenti. La demande a donc été envoyée.