La dignité de plusieurs athlètes a été « compromise » durant leur passage à l’école secondaire Saint-Laurent. C’est ce que conclut une enquête gouvernementale lancée il y a cinq mois, après que trois entraîneurs de basketball de l’établissement ont été accusés de crimes sexuels.

« L’enquête a permis d’identifier d’importantes lacunes sur le plan de la supervision et des contrôles liés au programme de basketball de l’école Saint-Laurent. À la lumière des informations recueillies, la dignité de plusieurs athlètes a été compromise durant leur passage à l’école Saint-Laurent », indique en effet le ministère de l’Éducation dans son rapport d’enquête paru mardi.

Trois entraîneurs de l’école secondaire Saint-Laurent ont été accusés de crimes sexuels, le 3 février. La Presse avait d’ailleurs rapporté qu’un climat « hyper nocif », marqué par les agressions verbales et l’intimidation, régnait au sein du programme de basketball féminin.

Québec, qui a lancé une enquête administrative dans les jours qui ont suivi, estime qu’un « niveau de confiance organisationnelle particulièrement faible a également été constaté dans cette école ».

Bien connu dans le monde du sport scolaire, Daniel Lacasse, responsable du programme de basketball de l’école Saint-Laurent, est accusé d’exploitation sexuelle. Les deux autres entraîneurs, Robert Luu et Charles-Xavier Boislard, font face à des accusations de contact sexuel, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle. M. Boislard a également été accusé d’exploitation sexuelle.

De nombreuses recommandations

Le ministère de l’Éducation a profité de cette sortie, mardi, pour énoncer une série de recommandations au centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB), dont le fait de « mandater une firme externe indépendante afin de mener une intervention sur le climat et l’incivilité » dans cet établissement, ce qui avait été fait, mais abandonné à la fin de février par le CSSMB.

Le Ministère propose également une formation obligatoire sur l’intervention des témoins dans les écoles, en sensibilisant ceux-ci à « l’effet spectateur ». Par ailleurs, on recommande au centre de services scolaire de faire appel à une firme comptable indépendante pour procéder à un audit financier de ses programmes sportifs.

Fait à noter : l’enquête a été réalisée « en concomitance » avec une autre enquête qui avait été lancée plus précisément sur la « manière » dont Basketball Québec a géré la situation à l’école secondaire Saint-Laurent.

Roberge « rassuré »

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est dit mardi « rassuré que la lumière soit faite sur la situation ». « Notre gouvernement s’engage à suivre les recommandations du rapport dès la prochaine rentrée », a-t-il dit.

La porte-parole libérale en éducation, Marwah Rizqy, réclamait une enquête indépendante depuis le début de cette affaire. « Aujourd’hui, je vois que c’est précisément l’une des recommandations. Il faut que ça se fasse, et dès aujourd’hui. Les directeurs doivent aussi être suspendus avec solde durant l’enquête », insiste-t-elle.

Il faut agir rapidement, parce que la mémoire est une faculté qui oublie. Et les victimes ont déjà parlé avec l’enquêteur administratif, donc elles vont devoir refaire leur témoignage une deuxième fois. On va arrêter de perdre du temps. Depuis le début, ça aurait dû se passer comme ça.

Marwah Rizqy, porte-parole libérale en matière d’éducation

Mme Rizqy déplore toutefois avec force ne pas avoir accès au rapport d’enquête final, qui contient des témoignages plus précis. Pour l’instant, le gouvernement Legault se garde de diffuser le document, en disant ne pas vouloir nuire aux démarches judiciaires qui sont toujours en cours contre les entraîneurs accusés.

« La CAQ s’engage à donner suite aux recommandations, et on s’en réjouit, mais la violence n’existe pas uniquement dans les programmes sportifs et il va falloir une réelle stratégie structurante pour protéger nos jeunes », a pour sa part déclaré le député de Québec solidaire Alexandre Leduc.

« Nous ne ménagerons aucun effort »

De son côté, le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys assure qu’il veillera à la mise en œuvre des recommandations. « L’administration du programme de basketball féminin de l’école étant visée par les constats, nous ne ménagerons aucun effort pour que celui-ci soit conforme aux attentes et reflète les valeurs de respect et de dignité que nous défendons », a déclaré le groupe dans un communiqué, mardi.

L’organisation réitère par ailleurs sa confiance en l’actuelle équipe de direction de l’école Saint-Laurent, afin d’implanter les changements appropriés.

Toute personne qui aurait été victime ou témoin d’actes de nature sexuelle à l’école secondaire Saint-Laurent est invitée à contacter les enquêteurs de la Section des agressions sexuelles du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), au 514 280-8502, ou encore à se rendre dans un poste de quartier. Pour transmettre des renseignements de façon anonyme, le centre Info-Crime Montréal peut être joint au 514 393-1133.