Les enfants d’une école de Mascouche ont fait toute leur maternelle dans une classe sans fenêtres. Depuis le début de l’année scolaire, la mère d’un élève multiplie les démarches pour faire changer les choses, sans succès.

Après avoir constaté en août dernier que des élèves du préscolaire – dont son enfant – allaient passer toute leur année scolaire dans une classe sans fenêtres de l’école de la Source, Roxanne Forget a cogné à toutes les portes.

Elle s’est tournée vers la direction de l’école, le conseil d’établissement, des responsables du centre de services scolaire, le Protecteur de l’élève, le Protecteur du citoyen, le ministère de l’Éducation. Elle a fait des demandes pour obtenir des documents en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Elle souhaitait ne pas avoir à contacter les médias, dit-elle.

Je pense que je croyais au père Noël. Je pensais que ça allait se résoudre, qu’on trouverait des solutions pour ces élèves-là.

Roxanne Forget

N’y avait-il pas moyen de revoir le plan des locaux de l’école pour les élèves dans des classes sans lumière naturelle ? Utiliser le local du service de garde, par exemple ? On lui répond qu’il s’agit d’une situation exceptionnelle et que « ce n’est pas si pire que ça, être dans un local pas de fenêtres », relate Roxanne Forget.

« Quand je me fais dire non, il faut avoir des arguments qui tiennent. Qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas de solution », rétorque la femme, qui se demande en outre qui est censé devoir rendre des comptes.

« Vous pourriez garder votre fils à la maison »

En septembre, conformément au Règlement sur la procédure d’examen des plaintes du centre de services scolaire des Affluents (CSSDA), Roxanne Forget se tourne vers la protectrice de l’élève, Dominique Paillé. Celle-ci lui répond que les enfants de la classe sont dans ce local « un maximum de 4 h 30 min par jour ».

« Je tire la conclusion que les droits des enfants ainsi scolarisés sont respectés », écrit Dominique Paillé.

Tout en reconnaissant « qu’une classe fenestrée offrirait des bénéfices supplémentaires », la protectrice de l’élève propose à Roxanne Forget d’inscrire son fils dans une école du même centre de services scolaire.

Dans un autre ordre d’idées, vous savez sûrement déjà que la scolarisation de maternelle n’est pas obligatoire et que si vous le souhaitez, vous pourriez garder votre fils à la maison. Vous avez aussi parlé d’inscrire votre fils à une école privée et il s’agit là d’une dernière option qui s’offre à vous.

Dominique Paillé, protectrice de l’élève du centre de services scolaire des Affluents

Il est vrai que la maternelle n’est pas obligatoire : au Québec, les parents ont l’obligation légale d’envoyer leurs enfants à l’école à compter du début de l’année scolaire de leurs 6 ans.

« Pour ce qui est du nœud de votre préoccupation – à savoir, obtenir une offre de scolarisation optimale pour tous les enfants –, je conclus toujours que cet aspect de la question ne relève pas du Protecteur de l’élève à cause notamment de son caractère hautement politique », conclut Mme Paillé, en renvoyant la mère au conseil d’établissement et « aux instances gouvernementales concernées ».

Le ministère de l’Éducation ne sait pas combien d’élèves sont scolarisés dans des locaux sans fenêtres donnant vers l’extérieur. « L’utilisation des locaux relève de l’organisation scolaire, qui fait partie des responsabilités de chaque CSS/CS », nous répond-on.

Une situation « exceptionnelle »

Au CSSDA, on explique à La Presse qu’en raison du « débordement » d’élèves à l’école de la Source, il a fallu faire des classes avec « des locaux qui servaient à autre chose ». Une situation « temporaire », « vraiment exceptionnelle », puisqu’une nouvelle école primaire ouvrira ses portes à la prochaine rentrée dans ce secteur.

« [Les enfants] ne restent pas dans le local toute la journée : on essaie d’aller dans des salles polyvalentes, d’aller dehors pour avoir de la lumière naturelle », dit Éric Ladouceur, porte-parole du CSSDA. C’est sécuritaire, assure-t-il.

« Au secondaire, on en a plein de locaux sans fenêtres », ajoute M. Ladouceur, tout en reconnaissant que ces élèves y « passent juste 75 minutes » à la fois.

Le fils de Roxanne Forget et ses camarades finiront leur maternelle dans quelques semaines.

« Pour cette année, c’est manqué. Ça n’a rien donné », se désole Mme Forget. Profondément « indignée » face à toutes les démarches qu’elle a dû entreprendre pour « tenter » d’obtenir des réponses à ses questions, elle entend suivre la suite des choses.

« Ce n’est pas juste pour mon garçon, c’est inacceptable pour tous les élèves qui sont dans cette situation. C’est comme si j’étais une pelleteuse de nuages, que ma plainte était un caprice », dit Mme Forget. « Je ne lâche pas le morceau », ajoute-t-elle.