Les enfants d’une école primaire fraîchement rénovée d’Hochelaga-Maisonneuve ont reçu la visite du premier ministre lundi matin, une occasion pour eux de voir Youppi ! et de manger du chocolat. François Legault a néanmoins admis que beaucoup d’enfants de la métropole sont dans des écoles qui offrent « des conditions inacceptables ».

François Legault était de passage lundi à l’école Saint-Nom-de-Jésus, mais avant de distribuer des chocolats aux élèves, il a rencontré la présidente de l’Alliance des profs de Montréal, qui représente les enseignants du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

Catherine Beauvais-St-Pierre a décrit la rencontre comme « surprenante ». L’école où se tenait la rencontre fait partie du « 10 % des écoles [de Montréal] qui sont dans un état acceptable ». Le CSSDM confirme que 90 % de ses écoles sont en mauvais état.

« Le premier ministre pensait que c’était 50 % de nos écoles qui sont vétustes », dit Mme Beauvais-St-Pierre, pour qui cette méconnaissance du premier ministre illustre le « décalage » entre la réalité et la perception de la réalité du politicien.

« Des conditions inacceptables »

Devant les journalistes, François Legault a reconnu qu’il y avait « du travail à faire du côté de l’éducation ».

« Je suis d’accord que beaucoup d’écoles, en particulier à Montréal, offrent des conditions inacceptables. On parle de 50 % des écoles qui ne sont pas aux normes », a déclaré François Legault.

Selon le Plan québécois des infrastructures 2022-2032, c’est plutôt 59 % des bâtiments scolaires qui sont jugés en mauvais ou en très mauvais état. Un an auparavant, cette proportion était de 56 %.

L’héritage du précédent gouvernement libéral est à blâmer pour la vétusté des écoles, a estimé le premier ministre. La pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la construction rend la mise à niveau des bâtiments plus ardue, a-t-il aussi expliqué. « On est en train de faire du rattrapage […], on va le plus vite possible », a ajouté M. Legault.

L’embauche de nombreuses éducatrices non qualifiées dans les services de garde scolaires n’est pas « idéale », a reconnu le premier ministre. La Presse révélait lundi matin que Québec n’a pas de cible pour former ces éducatrices, qui passent souvent plusieurs heures par jour avec les enfants.

« On est dans une situation où il nous manque d’éducatrices, donc on doit accepter pendant un certain temps que certaines éducatrices n’aient pas toute la formation. Ce n’est pas l’idéal, ce n’est pas ce qu’on souhaite, mais il n’y a pas d’autre solution à long terme », a déclaré François Legault.

Visite de Youppi ! et distribution de chocolat

François Legault était dans Hochelaga-Maisonneuve pour distribuer des chocolats et des cartes de hockey aux élèves. C’est Youppi ! qui a fait son entrée en premier dans le gymnase de l’école Saint-Nom-de-Jésus, où quelques dizaines de jeunes attendaient le premier ministre.

« C’est M. Legault ! », s’est écriée avec enthousiasme une petite de 2année en voyant la mascotte du Canadien. « Mais non, c’est pas lui, M. Legault », s’est opposée son amie.

Le premier ministre a finalement fait son entrée, écouté une chanson que lui avaient préparée les jeunes, distribué des chocolats de Pâques, posé des questions à la volée. « Pouvez-vous me nommer des joueurs du Canadien ? », a-t-il demandé à quelques élèves. Sa passion du hockey n’était pas partagée par tous. « Messi ? », a avancé une enfant.

« C’est la partie le fun de ma job, venir jaser avec les enfants », a expliqué un peu plus tard le premier ministre aux journalistes.

Charles, un élève de sixième année, est néanmoins ressorti déçu de sa rencontre de quelques minutes avec le premier ministre. « Y a-t-il du racisme systémique ? », a-t-il demandé à François Legault.

« Il m’a dit qu’il n’y en avait pas vraiment, que c’était un système. Ce n’est pas la même chose. Il y a du racisme systémique, il ne veut juste pas l’admettre », a conclu le jeune de 11 ans.