L’absence sur la place publique de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, est de plus en plus « problématique » et témoigne de son manque de leadership, dénoncent les syndicats des cégeps affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Alors que les cours dans les cégeps ont recommencé depuis quelques semaines, les enseignants, les professionnels et le personnel de soutien du réseau collégial affiliés à la CSQ déplorent que la ministre n’ait participé à aucune conférence de presse au côté du directeur national de santé publique, par exemple. Leur ministre Danielle McCann est « invisible », disent-ils.

« Il y a une absence flagrante de leadership au ministère en ce moment. On a beau poser des questions, demander de la documentation, on n’a jamais de réponses », observe Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur.

Elle compare la situation avec celle des écoles primaires et secondaires, où des consignes sur la gestion en contexte de pandémie sont envoyées à une fréquence régulière et donnent le ton à tout un réseau.

A contrario, en l’absence de vision globale, chacun des 48 établissements publics du réseau collégial gère les règles liées à la pandémie selon ce qu’il comprend, déplorent les syndicats de la CSQ. C’est autant de manières de gérer les isolements liés à la COVID-19 des élèves et du personnel.

Par exemple, illustre-t-on également, quand il a été annoncé que le personnel des écoles serait prioritaire pour l’obtention de la troisième dose de vaccin contre la COVID-19 en vue de la rentrée d’hiver, le message ne s’est pas rendu dans le réseau de l’enseignement supérieur.

« Dans les termes utilisés par le gouvernement, on ne sait jamais si “éducation” couvre de la maternelle au doctorat. Quand on appelle au Ministère pour avoir des précisions [sur certaines mesures sanitaires], ils ne le savent pas », poursuit Valérie Fontaine.

Une situation sanitaire « sous contrôle », dit McCann

En point de presse, lundi, pour annoncer le lancement d’un Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur, la ministre Danielle McCann a estimé que le haut taux d’adhésion à la vaccination contre la COVID-19 des élèves et étudiants des niveaux postsecondaires a contribué au succès de la rentrée d’automne.

Depuis le retour en janvier, « la situation est sous contrôle » dans les cégeps et universités, a déclaré Mme McCann.

[À Québec], on s’est assis sur l’autonomie [des établissements] et un bon taux de vaccination pour dire qu’en enseignement supérieur, on peut fonctionner de façon distincte.

Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur

La situation pandémique est exceptionnelle, et malgré tout, « on fait comme si, au collégial, il n’y avait pas de problème », renchérit Lucie Piché, présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep.

Il en va de même pour la réussite des étudiants, ajoute Mme Piché. Le plan d’action de Québec prévoit que d’ici cinq ans, 70 % des élèves inscrits au cégep obtiennent leur diplôme en deux ans. Pour la cohorte de 2014, ce taux était de 64 %.

C’est un objectif louable, dit Lucie Piché, mais elle se demande ce qui est fait « concrètement » dans les cégeps pour aider les élèves et les enseignants. « On sent qu’il n’y a pas d’approche cohérente pour nous soutenir vers la réussite », déplore-t-elle.

En raison de la pandémie, certains jeunes ont fait leur cégep presque entièrement à distance, rappelle-t-elle. Dans ce contexte, la présidente du syndicat dit qu’il faut d’abord penser à maintenir les taux de diplomation actuels.

« Qu’est-ce qu’on fait concrètement pour la réussite dans nos cégeps, dans nos classes ? On sent qu’il n’y a pas d’approche cohérente pour nous soutenir vers la réussite », déplore Mme Piché.

Oui, dit-elle, c’est important que les élèves soient sur les bancs d’école pour des questions de santé mentale, mais « il ne faut pas sous-estimer le fait qu’Omicron est dans les milieux de travail ».

Les cégeps n’ont pas accès à des tests rapides, et contrairement à ce qui est prescrit pour les enseignants du primaire et du secondaire, le personnel collégial n’est pas jugé prioritaire pour l’accès aux tests PCR.

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  • 175 000
    Nombre d’élèves inscrits dans les cégeps publics à l’automne 2021
    SOURCE : FÉDÉRATION DES CÉGEPS