À partir de mardi, les écoles de Québec, de Lévis et de Gatineau seront fermées jusqu’au 12 avril. Comment vous en tirerez-vous ? a demandé La Presse à des parents.

Élisabeth Malenfant, une mère de quatre enfants de Québec, nous a fait le récit de ce qui l’attend de nouveau à partir de mardi.

Elle est entrepreneure. Son conjoint étudie à temps plein et il finit son MBA.

Comme la dernière fois, les enfants seront chacun dans leur pièce, en Zoom avec l’école. Papa et maman courront d’un enfant à l’autre « pour régler un bogue, pour allumer le micro de la petite qui ne comprend pas trop pourquoi sa merveilleuse enseignante ne lui répond pas quand elle lui parle dans l’ordi ou encore pour s’assurer que l’ado ne texte pas à sa copine au lieu d’écouter son prof à l’écran ».

Il y aura Henri, le troisième, qui ne trouvera pas la feuille dont lui parle son enseignante. Qui appellera à l’aide au moment même où le client de maman téléphonera parce que la commande de tuiles de céramique n’est pas entrée.

Il y aura aussi Léonard qui criera de sa chambre qu’il ne comprend pas la question, puis la petite Béatrice qui fera finalement « une gigacrise parce qu’on n’est pas disponibles. On se souviendra qu’elle est autiste ».

Ses frères ont tous de grosses difficultés d’apprentissage, certaines liées à des syndromes particuliers ou à un trouble de l’attention.

La pression mise sur les épaules des parents avec l’école à la maison est insoutenable.

Élisabeth Malenfant, mère de quatre enfants

Mme Malenfant ajoute que le confinement lui aura au moins permis de réaliser « à quel point chacun de nos enfants a des professeurs exceptionnels ».

À lire les nombreux témoignages transmis à La Presse, qui les avait sollicités vendredi, les parents d’enfants déjà confinés et ceux qui ne le sont pas encore sont très divisés. Il y a ceux qui trouvent inacceptable de priver encore les enfants d’école, tandis que d’autres trouvent que redouter un courriel de l’école annonçant un cas de variant dans la classe, ça devient carrément trop stressant.

À divers degrés, plusieurs disent qu’ils se retrouveront de nouveau en enfer, à faire encore la pieuvre entre les petits et le travail.

À Montréal, une question de temps ?

Des parents qui habitent dans des villes où les écoles sont encore ouvertes croient que ce n’est qu’une question de temps avant que ça ferme chez eux aussi.

« Nous n’avons pas encore la confirmation que l’école fermera ce mardi, mais les enfants sont rentrés jeudi avec tous leurs effets personnels et leurs cahiers », dit Marie Lavoie, dont les enfants fréquentent une école de Blainville.

Mère de trois adolescents, Shirley Marquis dit ne pas comprendre « pourquoi les médecins réclament un jour le retour des jeunes en classe pour leur bien-être et leur réussite scolaire et réclament un autre jour le contraire ».

« C’est une très bonne décision de fermer les écoles pour la santé de tous », estime de son côté Annie*, une mère de quatre enfants de Chaudière-Appalaches.

« On ne visite personne, on n’envoie pas nos enfants symptomatiques à l’école avec un Tylenol… Si seulement chacun faisait sa part, on n’en serait peut-être pas là. »

L’idéal, poursuit-elle, ce serait que les patrons « prennent les devants et aillent voir leurs employés qui sont parents de jeunes enfants confinés et leur demandent : “Comment puis-je faire pour t’aider à faire ton travail ?” »

Des parents nous ont dit qu’ils risquaient fort « de devoir demander à des grands-parents qui ont reçu une seule dose de vaccin de prendre la relève si tous les membres adultes de la famille doivent aller au travail en présentiel ».

Autre option envisagée : faire garder les plus jeunes par l’adolescent de la famille.

Michel Bertrand, prof d’art dramatique au secondaire à Québec, explique qu’il est maintenant résigné à l’école à distance. Et bizarrement, ce qu’il redoute maintenant davantage, c’est le retour en classe.

Sur place, en art dramatique, « c’est tellement compliqué avec les masques, la distance à maintenir, les bulles et le mode hybride que c’est maintenant plus simple de faire la classe à distance ».

« Il y en a tout le temps quelques-uns qui se trouvent en isolement, les règles changent tout le temps. Au moins, quand ils sont tous à distance, je suis sûr que tout le monde reçoit la même matière. »

Amélie Michaud, qui habite dans la région métropolitaine et qui est mère de deux enfants du primaire, raconte quant à elle que chez elle, l’enseignement à distance se passe bien. « Les enfants développent leur autonomie et les parents, le lâcher-prise ! »

À go, on prend tous une grande respiration ?

* Plusieurs des personnes interrogées nous ont demandé de taire leur nom pour ne pas avoir d’ennuis avec leurs supérieurs.