Des milliers de travailleuses des CPE affiliées à la CSQ ont adopté à 91,2 %, mercredi, un mandat de grève générale illimitée à utiliser au moment jugé opportun.

« Depuis le début de cette négociation, le gouvernement a essayé de contourner les syndicats de manière parfois très douteuse », a dit Valérie Grenon, présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ). « Aujourd’hui, c’est un appel à la réalité lancé par nos membres à l’endroit de Mme LeBel. »

S’adressant directement aux parents, Mme Grenon a dit qu’elle comprenait que le résultat du vote des 3200 travailleuses était « inquiétant ».

« Personne ne veut la déclencher, cette grève générale illimitée. Si on le fait, c’est qu’on n’aura pas le choix », a-t-elle dit, avant d’ajouter que les négociations se poursuivraient jeudi et qu’elle informerait les parents plusieurs jours avant de déclencher une grève.

Négociations « très difficiles », selon la ministre Sonia LeBel

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a réagi en notant que des rencontres de négociation étaient toujours au menu.

« On en a encore [jeudi] des rencontres qui sont prévues depuis le jour 1. Ce ne sont pas des rencontres qu’on a mises en catastrophe à cause du mandat de grève générale illimitée. Donc, les négociations ne sont pas rompues. »

Mme LeBel a toutefois qualifié de « très difficiles » les négociations avec les syndicats.

L’enjeu a été clair depuis le début, c’est qu’on ne pourra pas être en mesure d’offrir la même capacité d’augmentation pour tous les secteurs du CPE.

Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor

Du côté des CPE affiliés à la CSN, les 11 000 travailleuses tiendront jeudi un vote analogue portant sur un mandat de grève générale illimitée à utiliser au moment jugé opportun.

Manifestations à Montréal et à Québec

Parallèlement, des milliers de travailleuses de CPE se sont réunies mercredi devant l’hôtel du Parlement et à Montréal pour demander de meilleures conditions de travail.

Caroline Senneville, présidente de la CSN, a accusé le gouvernement d’offrir « des peccadilles » aux travailleuses de soutien des CPE.

« On nous dit que la sacoche est vide. C’est un vieux truc. C’est drôle, pour le tunnel du troisième lien polluant, qui ne donnera aucun service aux Québécois, là, il y a des milliards », a-t-elle dit.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Des milliers de travailleuses de CPE ont manifesté à Montréal, mercredi, pour réclamer de meilleures conditions de travail.

À Montréal, les membres des syndicats de CPE affiliés à la CSN et à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) étaient réunis au parc des Faubourgs, près de l’entrée du pont Jacques-Cartier.

« Ça fait 15 ans que je n’ai pas eu d’augmentation de salaire, 15 ans ! », a déploré Mitsou Gauthier, cuisinière dans un CPE de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui manifestait à Montréal mercredi.

Mme Gauthier a noté que sa charge de travail était beaucoup plus élevée aujourd’hui qu’à ses débuts.

Je dois nourrir 140 enfants en 35 heures par semaine. J’aime mon travail, mais nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur. Il y a une pénurie de cuisiniers au Québec, et c’est aussi une situation qui touche les CPE.

Mitsou Gauthier, cuisinière dans un CPE
de Saint-Jean-sur-Richelieu

Sa collègue Geneviève Tétreault, agente-conseil en soutien pédagogique, abondait dans le même sens. « On veut avoir les moyens de bien faire notre travail. J’aimerais aussi préciser que nous ne prenons pas les enfants en otages : c’est la ministre qui prend les enfants en otages. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Manifestation au parc des Faubourgs, mercredi, à Montréal

Dans les négociations, Québec a choisi d’accorder la priorité aux éducatrices parce que celles-ci sont sous-payées – de son propre aveu – et qu’il existe une pénurie d’éducatrices. Il leur offre donc des augmentations de salaire plus importantes.

La principale pierre d’achoppement est le salaire offert par Québec aux « autres » travailleuses que les éducatrices dans les centres de la petite enfance. Il s’agit des employées à la cuisine, à l’administration, à l’entretien.

Avec La Presse Canadienne