(Toronto) Un groupe d’universités et de collèges de partout au Canada ont signé une charte pour lutter contre le racisme anti-Noir dans les établissements postsecondaires.

Le document de 22 pages exige que ceux qui le signent respectent certains principes lorsqu’ils élaborent leurs propres plans d’action pour favoriser l’inclusion des personnes noires.

Appelé la Charte de Scarborough, le document a été rédigé par un comité consultatif qui a émergé d’un évènement organisé par l’Université de Toronto l’année dernière alors que le racisme anti-Noir était sous les projecteurs.

« Il y avait un moment opportun pour nous de dire : « eh bien, il y a beaucoup de déclarations qui circulent, mais c’est peut-être le moment pour nous de nous réunir et d’agir ensemble » », a déclaré le président du comité de la charte, Wisdom Tettey, dans une interview.

Le comité a demandé aux universités et aux collèges leurs commentaires pour affiner la charte et a rencontré plusieurs organisations et groupes, dont Universités Canada et le caucus parlementaire noir, a déclaré Wisdom Tettey, vice-président de l’Université de Toronto.

Quarante-six universités et collèges, dont les plus grands établissements postsecondaires du pays, ont signé la charte virtuellement jeudi.

Parmi les signataires, on retrouve les universités québécoises de McGill, Concordia et Bishop. Dans les maritimes, on retrouve les universités St. Francis Xavier, Dalhousie et Acadia.

Wisdom Tettey a déclaré que davantage d’universités et de collèges devraient signer la charte dans un proche avenir. Il existe 96 universités et 139 collèges financés par l’État au Canada.

« Nous attendons de chaque institution partenaire qu’elle s’engage à respecter les principes de l’épanouissement des Noirs », a déclaré le vice-président de l’Université de Toronto.

« L’idée de l’épanouissement des Noirs est de s’assurer que nos institutions sont des endroits où les personnes noires, les professeurs, le personnel, les étudiants et les membres de la communauté peuvent ressentir un sentiment d’appartenance, peuvent se voir dans notre mission et peuvent être soutenus pour s’épanouir. »

À l’Université de Toronto, une partie du plan de l’établissement pour éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les étudiants noirs consiste à leur fournir un meilleur soutien en matière de santé mentale, a déclaré Wisdom Tettey.

« Nous nous assurons d’avoir des conseillers qui comprennent et viennent des communautés noires », a-t-il précisé.

L’université a également revu ses programmes pour s’assurer que des auteurs noirs sont inclus dans l’enseignement et elle soutient les étudiants noirs par le biais de bourses et de programmes d’accès.

Ananya Mukherjee Reed, rectrice de l’Université de la Colombie-Britannique, a déclaré que les étudiants noirs sont confrontés aux mêmes obstacles dans les établissements postsecondaires que dans la société en général.

« Ils vont à un cours et ils se sentent seuls. Ils sont soit le seul étudiant noir, soit l’un des très rares étudiants noirs », a-t-elle déclaré.

« Ils n’ont pas toujours l’impression d’avoir une voix et lorsqu’ils expriment parfois leur voix ou qu’ils signalent quelque chose en rapport avec l’expérience ou l’histoire des Noirs, ils ne sont pas toujours entendus. Ils se sentent souvent rejetés. »

Les programmes de nombreuses universités ne reflètent pas les expériences ou les réussites des personnes noires, a-t-elle déclaré.

« Les auteurs noirs sont souvent absents du programme d’études et cela crée un sentiment d’aliénation lorsque vous êtes seul dans une salle de classe, puis que vous étudiez quelque chose et vous avez l’impression qu’il manque une perspective. »

Malinda Smith, vice-présidente de l’Université de Calgary, a déclaré qu’il y avait également peu d’universitaires noirs dans les facultés des universités canadiennes.

Les données du recensement de Statistique Canada de 2016 et les données d’un rapport d’Universités Canada de 2019 indiquent que 6 % des étudiants de premier cycle, 6,1 % des étudiants des cycles supérieurs et 3 % des titulaires de doctorat sont noirs, tandis que 1,9 % des professeurs dans les universités et 0,8 % des dirigeants des universités sont noirs, a déclaré Malinda Smith.

« Il y a une sous-représentation importante. Je suis la seule dirigeante noire à l’Université de Calgary », a-t-elle déclaré, ajoutant que les universités doivent faire face aux obstacles et aux préjugés qui peuvent empêcher l’embauche d’universitaires noirs.

« Nous devons reconnaître le racisme systémique et nous devons reconnaître les préjugés raciaux. »

Robert Summerby-Murray, président de l’Université St. Mary’s à Halifax, a déclaré que la participation des communautés noires locales aux recherches menées par les universités représente également une étape importante pour lutter contre le racisme anti-Noir.

« Une partie de ce que nous avons fait dans la charte, je crois, est de reconnaître un ensemble de processus eurocentriques et coloniaux au sein de l’académie », a-t-il déclaré.

« Ici, en Nouvelle-Écosse, nous avons une communauté historique afro-néo-écossaise très importante… qui est dans cette province depuis des centaines d’années. Et ces communautés doivent être engagées en tant que partenaires de la recherche. »