Une partie du plafond de la classe d’une école primaire de Montréal est littéralement tombée pendant que des élèves y étaient, à la mi-octobre. La semaine suivante, c’est une grille de ventilation de cette même école du Plateau Mont-Royal qui s’est détachée du plafond d’une autre classe.

Le premier évènement est survenu durant les heures de classe. Une plaque de plâtre s’est défaite et est tombée sur le plafond suspendu. « Mais c’était trop lourd, donc le plafond suspendu n’a pas résisté et est tombé », explique Alain Perron, porte-parole du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Coup de chance : aucun élève n’a été touché.

Située dans le Plateau Mont-Royal, l’école primaire Louis-Hippolyte-Lafontaine a été construite il y a 103 ans. Ainsi, ce que l’on trouve au plafond « n’est pas du gyproc [placoplâtre], c’est du vrai plâtre », précise M. Perron.

Selon le centre de services scolaire, les étés humides entraînent une dégradation « plus avancée » du plâtre. Au troisième et dernier étage de cette école, près du toit, on note « une plus grande dégradation », dit Alain Perron. « Il y a peut-être plus de condensation qui se fait [comme] ça donne directement sur le toit », avance-t-il.

Tous les plafonds de cette école ont été inspectés à la suite de cet évènement, dit le CSSDM.

C’est ainsi qu’une semaine plus tard, le 22 octobre, une grille d’aération qui aurait été mal installée à la suite de cette inspection s’est détachée du plafond dans un autre local et est tombée sur l’enseignante qui y travaillait.

Selon les plus récentes données du ministère de l’Éducation, l’école Louis-Hippolyte-Lafontaine est cotée « E », ce qui signifie qu’elle est en « très mauvais état ». Son déficit de maintien d’actif s’élève à 3,6 millions de dollars.

Pas une première

Le porte-parole du CSSDM rappelle qu’il y plus de 10 ans, une situation semblable s’était produite à l’école Saint-Paul-de-la-Croix, dans le quartier Ahuntsic.

En août 2009, juste avant la rentrée, le détachement d’« importantes plaques de plâtre » du plafond de cette école primaire avait forcé « des travaux majeurs dans les plus brefs délais », avait indiqué un communiqué de presse de ce qui était alors la Commission scolaire de Montréal. Les élèves et le personnel avaient été délocalisés pendant quelques mois.

Comme c’est le cas actuellement, le haut taux d’humidité avait alors été montré du doigt comme responsable de la situation.

« Depuis, chaque été, on inspecte les plâtres des plafonds de toutes nos écoles », précise Alain Perron.

Dans le cas de l’école primaire Louis-Hippolyte-Lafontaine, on l’avait justement fait au mois d’août dernier, dit le CSSDM. Dans ce contexte, on juge « surprenant » que du plâtre se soit ainsi détaché deux mois plus tard. « On est très, très à l’affût de l’entretien de nos écoles », assure le porte-parole du centre de services scolaire.

À compter de lundi, le plafond du troisième étage de cette école sera refait au complet, deux locaux à la fois. Les travaux ne se feront pas de jour et les élèves seront relocalisés dans une autre classe de cette école. « Il n’y aura plus de chutes de plâtre, puisqu’il n’y en aura plus du tout », dit M. Perron.

« Ce n’est pas normal »

Vu la vétusté des écoles de Montréal, il n’est pas « étonnant » de voir de telles situations se produire, dit Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal.

« On a toujours l’impression qu’il faut attendre qu’il arrive quelque chose pour que, enfin, des travaux soient effectués. La réalité, c’est qu’il faudrait investir des millions pour mettre le parc immobilier à jour et pour ça, il faut une volonté politique », ajoute la présidente.

Selon les plus récentes données gouvernementales, 56 % des écoles de la province sont en mauvais ou en très mauvais état. Par ailleurs, 36 % des points d’eau dans les établissements scolaires contiennent trop de plomb, selon la recommandation de Santé Canada.

On ne devrait pas se faire à de telles conditions, mais « les profs s’habituent », dit Catherine Beauvais-St-Pierre.

Est-ce normal, demande-t-elle, que des professeurs qui mettent les pieds dans une école pour la première fois demandent à leurs collègues si l’eau est potable ?

« On devrait pouvoir aller apprendre et travailler dans un milieu où on peut prendre l’eau du robinet et où on n’a pas à porter un casque », conclut Mme Beauvais-St-Pierre.

5 milliards

Déficit de maintien d’actif des infrastructures scolaires, excluant les cégeps et les universités

Source : Plan québécois des infrastructures 2021-2031