(Québec) Les enseignants du primaire et du secondaire appréhendent la prochaine rentrée scolaire, la deuxième sous le signe de la COVID-19, affirme Sylvain Mallette.

En entrevue vendredi, le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) – qui représente plus de 45 000 enseignants au Québec – a lancé un avertissement au gouvernement.

« Il y a des profs qui disent : “Je ne peux pas croire qu’on va revivre ça”. Vivre ça une année, c’est une chose, mais là, recommencer… il y a des appréhensions », a relaté M. Mallette.

« C’est toujours un peu anxiogène, mais la pandémie vient ajouter à ce poids-là, a-t-il poursuivi. C’est pas vrai qu’on va revivre : Ok, là on est en présentiel, pouf on tombe en virtuel, woup, on revient en présentiel. »

Sylvain Mallette dit avoir discuté de la rentrée jeudi avec le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, alors que le Québec enregistrait 305 nouveaux cas de COVID-19 et entrait dans une quatrième vague.

« Le ministre m’a demandé : “Souhaitez-vous le masque ? ” J’ai dit : “Est-ce que le masque contribue à lutter efficacement contre la propagation du virus, notamment du variant ? ” »

M. Roberge pourrait revoir son plan pour la rentrée ; le 2 juin dernier, il avait dit viser une rentrée 100 % normale, sans masques ni classes-bulles, si la situation épidémiologique le permettait.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Roberge serait en train de revoir son plan pour la rentrée. Le 2 juin dernier, il avait dit viser une rentrée 100 % normale, sans masques ni classes-bulles, si la situation épidémiologique le permettait.

La situation a évolué, souligne M. Mallette, qui appelle le gouvernement à la prudence et à la prévoyance. Selon lui, les profs ne seront rassurés que s’ils voient « qu’il y a des plans A, B, C, D qui ont été échafaudés ».

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui représente environ 110 000 enseignants, membres du personnel de soutien et professionnels, réclame elle aussi plus de stabilité cette année.

« Les derniers mois ont été éprouvants. […] Tous veulent des conditions aussi normales et stables que possible pour exercer leur travail adéquatement, et ce, au profit des élèves », a déclaré le président de la CSQ, Éric Gingras.

Dépistage obligatoire

Afin d’assurer la sécurité de tout un chacun car « des foyers d’éclosions, il va y en avoir », M. Mallette exige que les écoles bénéficient d’un mécanisme de dépistage accéléré.

Il propose même qu’à l’image des travailleurs de la santé non vaccinés, les enseignants non vaccinés se fassent dépister trois fois par semaine, pour prouver qu’ils ne sont pas porteurs du virus.

« Si tu fais le choix de ne pas te faire vacciner, bien tu assumes les conséquences de ce choix-là », tranche-t-il. Mais la vaccination obligatoire pour les enseignants, « on n’est pas rendus là », précise le leader syndical.

Il n’empêche qu’il serait drôlement intéressant pour les parents, les élèves et le personnel de savoir combien de personnes ont été vaccinées dans leurs écoles, dit-il.

« Ça permet de tracer un portrait, […] de bien comprendre la situation », affirme M. Mallette, qui ne comprend pas pourquoi le gouvernement n’a pas collecté cette donnée au moment d’administrer des doses.

Comment dresser un portrait aujourd’hui ? « Il y a un questionnement au ministère, le ministre nous l’a dit. […] Moi, je pense que ça peut être une déclaration volontaire. »

Par ailleurs, la FAE a réitéré vendredi sa demande pour que la qualité de l’air soit améliorée dans les salles de classe, et pour que le modèle des demi-classes soit favorisé en cas d’éclosions.

Le syndicat d’enseignants réclame aussi que l’on puisse continuer de se concentrer sur les savoirs essentiels durant l’année scolaire 2021-2022.