(Montréal) Les centres de services scolaires qui doivent être touchés par une grève des enseignants de la CSQ, la semaine prochaine, s’adressent à la Cour supérieure pour tenter d’empêcher ce débrayage d’une durée de quelques heures.

Une demande d’injonction provisoire et permanente vient en effet d’être déposée devant la Cour supérieure par les centres de services scolaires et les commissions scolaires anglophones qui seraient touchés par cette grève, qui doit durer de minuit à 9 h 30, le 14 avril.

Ce sont les 73 000 enseignants du préscolaire, primaire, secondaire et de la formation professionnelle représentés par la CSQ pour la négociation des conventions collectives, dans les secteurs francophone et anglophone, qui ont prévu cette grève de quelques heures.

Les arguments

Dans leur requête, les gestionnaires scolaires affirment que le débrayage « met en péril la santé et la sécurité » des élèves de la façon dont il est prévu, avec une grève de nuit et jusqu’à 9 h 30 le matin.

Ils déplorent ainsi que la grève de minuit à 9 h 30 entraîne des répercussions sur le transport d’écoliers, par exemple. « Plusieurs contraintes rendent extrêmement difficile, voire impossible, la modification des horaires des autobus, puisque la majorité d’entre eux effectuent plusieurs circuits », expliquent les gestionnaires.

Les centres de services scolaires affirment aussi que cela pourrait les empêcher d’offrir des services de garde, même aux enfants des travailleurs jugés essentiels en temps de pandémie. Car même si les travailleurs de ces services de garde sont syndiqués auprès d’une autre organisation que la CSQ, dans certains cas, il est à prévoir que les syndiqués des autres organisations voudront respecter les piquets de grève de la CSQ, font-ils valoir.

En faisant ainsi la grève de nuit jusqu’à 9 h 30, les syndiqués « agissent de mauvaise foi et de façon abusive puisqu’ils perturbent le service public au-delà de la durée de la grève », expliquent les centres de services scolaires.

En conséquence, les gestionnaires demandent à la Cour supérieure de déclarer que les avis de grève sont illégaux et d’ordonner l’annulation de l’avis de grève tel que transmis.

Riposte syndicale

En riposte, la Fédération des syndicats de l’enseignement de la CSQ s’est dite « stupéfaite » de la demande d’injonction des gestionnaires scolaires face à une grève légale.

« On a essayé plein d’autres choses à travers les années. Cette fois-ci, on a décidé qu’on y allait dans une grève légale, mais qu’on ne voulait pas pénaliser l’élève. On ne voulait pas faire manquer une journée d’école à nos élèves. Donc, on a organisé une grève qui se voulait innovante, qui perturberait l’administration, mais qui nous permettait de ne pas priver l’élève d’une journée », a justifié en entrevue avec La Presse Canadienne Josée Scalabrini, présidente de la FSE.

« Les centres de services, au lieu de poser des questions, au lieu de voir avec les syndicats comment on pouvait organiser cette journée de grève-là, ont préféré, sans parler à qui que ce soit, nous envoyer une injonction pour dire qu’ils contestaient cette journée de grève-là », s’insurge Mme Scalabrini.

Elle ajoute que sa fédération a même donné un préavis de 14 jours aux centres de services scolaires pour qu’ils aient le temps de s’organiser avant l’exercice de cette grève de quelques heures.

La FSE a aussi l’intention de contester cette demande d’injonction, en arguant qu’il n’appartient pas à la Cour supérieure de trancher cette question touchant l’exercice d’une grève, mais bien au Tribunal administratif du travail.