(Québec) Environ 300 élèves de Québec ont eu ce message pour le ministre de l’Éducation vendredi : laissez les jeunes pratiquer leur sport à l’école.

Ils manifestaient contre la décision de Jean-François Roberge d’interdire, pour l’instant, toutes les activités parascolaires qui regroupent des élèves de différentes classes.

Cette nouvelle consigne a semé l’émoi dans le réseau scolaire jeudi, en pleine rentrée, puisqu’elle vient aussi mettre un frein à plusieurs programmes particuliers, concentrations et profils.

Le centre de services scolaire des Découvreurs, à Québec, a même annoncé que le changement le forçait à revoir son organisation scolaire. Résultat : rentrée repoussée jusqu’au 8 septembre pour la plupart des élèves.

« Ce délai nous permettra d’ajuster notre organisation scolaire afin de nous assurer que tous les élèves restent à l’intérieur de groupes-classes stables en tout temps », a écrit le directeur général Christian Pleau.

Une pétition mise en ligne, titrée « Du sport pour tous à l’école », a jusqu’ici récolté plus de 48 000 signatures.

« On veut montrer notre désaccord, s’est exclamé Tristan Lévesque, un élève de 16 ans de l’école secondaire Roger-Comptois qui prenait part à la manifestation. On est tous très déçus et en colère. »

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Plusieurs joueurs de football ont participé à la manifestation.

Les manifestants, la plupart des athlètes, s’étaient regroupés à la place George V près de l’Assemblée nationale, vendredi. Ils ont soufflé dans des trompettes et applaudi lorsque les automobilistes ont klaxonné leur appui.

« On espère que le ministre va revenir sur sa décision », a renchéri Maxime Jabin, 16 ans, de l’Académie Saint-Louis.

Roberge tente de calmer le jeu

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias vendredi, le ministre Roberge a plaidé que « l’enjeu central » de la rentrée était de « détecter, isoler et contenir efficacement » les cas de COVID-19.

La consigne pourrait être revue d’ici quelques semaines si le retour en classe se déroule bien, a-t-il précisé.

« Si […] la rentrée a peu d’effet sur le portrait épidémiologique, nous serons en mesure de proposer des assouplissements qui permettront aux écoles actuellement incapables de mettre en place leur offre habituelle de le faire », a-t-il déclaré.

« Ainsi, les programmes sport-études, arts-études, le sport interscolaire et les activités parascolaires qui n’auront pas pu être offerts dans certaines écoles dès la rentrée pourraient y être réintégrés pour permettre aux élèves de retrouver leur passion. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge

Jeudi, le député libéral et ex-hockeyeur Enrico Ciccone avait vivement dénoncé « l’incohérence » de cette mesure, annoncée à la toute dernière minute, alors que les jeunes reprenaient le chemin de l’école.

Il a appelé le ministre à expliquer la différence entre une équipe sportive scolaire et civile, soulignant qu’en réalité, les jeunes pourront continuer à pratiquer leur sport au civil, en dehors des murs de l’école.

M. Ciccone avait aussi fait valoir que le sport étudiant motivait les élèves, tout en combattant la sédentarité.

Les écoles privées outrées

Dans une lettre transmise à La Presse canadienne, le président de la Fédération des établissements d’enseignement privés, David Bowles, se dit en « désaccord » avec la nouvelle consigne qui met « en péril le sport scolaire, ainsi que les activités parascolaires artistiques et culturelles au Québec, alors que la pratique du sport civil et de ces activités culturelles est permise dans un cadre civil et municipal ».

Il invite le ministre Roberge à reconsidérer sa décision, dans la mesure où les écoles sont capables de faire respecter les règles sanitaires imposées aux différentes fédérations sportives et aux milieux artistiques, selon lui.

« Si une éclosion avait lieu à l’intérieur d’une équipe scolaire, par exemple, nous pourrions facilement identifier les contacts et confiner l’équipe au besoin. Si une éclosion avait lieu dans une équipe civile, avec des joueurs pouvant provenir de cinq à dix écoles différentes, la situation pourrait s’avérer plus problématique », a-t-il déclaré.

De plus, M. Bowles affirme que l’interdiction d’activités sportives et culturelles à l’école poussera les athlètes et les artistes vers le civil en plus grand nombre, multipliant les risques d’éclosion sur un plus grand territoire.