(Montréal) Les deux fédérations de syndicats d’enseignants sont choquées des offres du Conseil du trésor, qui feraient passer de 32 à 40 heures la semaine de travail. De plus, les premiers échelons de l’échelle de salaire ne seraient plus abolis.

Pourtant, Québec avait dit à plusieurs occasions qu’il comptait abolir les six premiers échelons de l’échelle salariale des enseignants, afin d’attirer des candidats dans la profession.

Encore mardi, le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, faisait référence au respect des engagements électoraux de la CAQ au chapitre de la rémunération des enseignants en début de carrière.

Mais les syndicats d’enseignants ont eu la surprise, au cours des derniers jours, de constater que les six premiers échelons n’étaient plus abolis dans les dernières offres du Conseil du trésor. Québec opte plutôt pour une bonification du salaire des six premiers échelons. Et l’échelle compterait toujours 17 échelons, soit 42 431 $ au premier échelon jusqu’à 82 585 $ au 17e.

« On a constaté que le gouvernement reniait ses engagements », a affirmé en entrevue, jeudi, le président de la FAE, Sylvain Mallette.

« Ça n’a pas été fait comme ça nous avait été annoncé. Et tous les autres éléments qui étaient des promesses ne se retrouvent pas dans le dépôt », a critiqué Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ.

De 32 à 40 heures

De même, la semaine normale de travail inscrite dans la convention collective passerait de 32 à 40 heures.

Depuis le milieu des années 1990, il y a un désaccord entre les parties sur la durée normale de la prestation hebdomadaire de travail.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Josée Scalabrini

Les offres du Conseil du trésor mentionnent qu’il faut « préciser que l’échelle de traitement des enseignants est basée sur une prestation hebdomadaire moyenne de 40 heures ».

« Les 40 heures, c’est une vieille lubie qui traîne depuis le règlement sur l’équité salariale. C’est une obsession qu’a la partie patronale », affirme M. Mallette.

« Ça a été prouvé que les enseignants font déjà 40 heures, mais qu’on avait besoin de 32 heures à l’école. Inscrire 40 heures dans la convention collective, il n’en est pas question. C’est une augmentation de la bureaucratie, de la paperasse. Déjà, les enseignants n’ont plus le temps de faire leur préparation et ils travaillent 50, 60 heures », a tonné Mme Scalabrini.

Enseignant émérite

La FAE et la FSE prennent mal aussi la création du titre d’enseignant émérite — une nouveauté dans ces offres. Québec prévoit que le titre serait accordé à 400 postes équivalant à du temps complet en 2021-2022, par exemple.

« Ça veut dire quoi émérite ? Ça veut dire que les autres ne le sont pas ? » s’est insurgé M. Mallette.

« Nous, ce qu’on demande depuis des années, c’est de revaloriser la profession enseignante. Ce n’est pas revaloriser, ça, c’est l’équivalent d’une sorte de directeur adjoint qui va s’occuper de bureaucratie », déplore Mme Scalabrini.

Milieu défavorisé

Québec instaure aussi une prime de 5 puis 7 % pour les enseignants à temps plein qui travaillent en milieu défavorisé.

M. Mallette y voit une façon de diviser les enseignants. Selon lui, c’est la composition des classes qui pose problème, et non le milieu défavorisé. Une classe peut être difficile, même en milieu qui n’est pas défavorisé, fait-il valoir.

« Ce qu’il amène, ça paraît bien, mais ce n’est pas expliqué. Pourquoi négocier sur la place publique au lieu de chercher avec nous des solutions ? » demande Mme Scalabrini, de la FSE.