(Québec) Les professionnels de l’éducation qui offrent des services directs aux élèves à besoins particuliers estiment que leur fardeau administratif, notamment en matière d’évaluations, n’a pas été réduit cette année. Québec leur promettait pourtant, en août dernier, un « allègement bureaucratique » pour offrir « plus de 560 000 heures de plus en services directs aux élèves » en contexte de pandémie.

Un sondage de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), réalisé auprès de ses membres qui donnent des services aux élèves handicapés et aux élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA), révèle que plus de 70 % des répondants « n’ont pas vu leurs tâches administratives allégées ».

« Le personnel professionnel déplore que le système actuel soit désuet et totalement dysfonctionnel, mais surtout qu’il ne permette pas de répondre adéquatement aux besoins des élèves », est-il écrit dans le rapport du sondage obtenu par La Presse et qui sera présenté samedi au Forum ouvert des parents d’élèves HDAA de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ).

En août dernier, lors d’un point de presse à quelques jours de la rentrée, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, annonçait que son ministère reconduisait « sans condition tous les budgets associés aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage » pour l’année scolaire 2020-2021.

« Ainsi, plutôt que de passer les premières semaines de la rentrée scolaire à compléter des démarches administratives, les orthophonistes, orthopédagogues, psychoéducateurs, psychologues et autres professionnels […] pourront investir leurs énergies directement auprès des élèves vulnérables », annonçait-il, ajoutant que le gouvernement souhaitait revoir la formule de financement des services offerts aux élèves à besoins particuliers dans un horizon de deux ans.

Des services inégaux

Or, cette annonce du ministre Roberge ne s’est pas traduite uniformément sur le terrain, a constaté le président de la Fédération des comités de parents, Kévin Roy, qui déplore une « inégalité » dans les services offerts d’un centre de services scolaire à l’autre. Cette observation est également partagée dans les résultats du sondage effectué par la FPPE-CSQ.

Les centres de services scolaires ont tellement peur de se faire couper des sous, que dans le fond, la difficulté, c’est qu’ils n’acceptent pas qu’il y ait des changements de façon de faire. Ils demandent toujours aux professionnels de faire les mêmes choses.

Jacques Landry, président de la FPPE

« Il n’est pas surprenant qu’un flou demeure quant à la nature des changements apportés au processus [d’évaluation] cette année : ce n’est que le 23 septembre qu’une lettre provenant du bureau du sous-ministre a été envoyée aux directrices et directeurs généraux des centres de services scolaires et des commissions scolaires pour expliquer la nature des assouplissements. Bien trop tard pour revoir le processus de déclaration pour le 30 septembre ! », écrit-on aussi dans le rapport de sondage du syndicat.

« Ce n’est pas la première fois qu’on promet aux professionnelles et professionnels que le système de financement et de codification des élèves HDAA sera revu afin de leur permettre de passer plus de temps avec les élèves et moins d’heures à des tâches administratives. Il faut dire qu’avec l’augmentation du nombre d’élèves HDAA, même en réduisant les tracasseries bureaucratiques, la lourdeur de la tâche ne cesse d’augmenter et le manque de ressources demeure un grave problème », ajoute-t-on.

« Le nombre d’élèves HDAA a augmenté de 16 % entre 2013 et 2019, de 22 % pour les déficiences langagières et de 40 % pour les troubles envahissants du développement », précise la FPPE.

Un comité de travail dès janvier

Dans ce contexte, la FPPE-CSQ et la Fédération des comités de parents pressent Québec de mettre en place un comité de travail réunissant le ministère, les professionnels de l’éducation, les centres de services scolaires, les directions d’école, les enseignants et les parents afin de trouver de nouvelles bases pour encadrer le financement des services offerts aux élèves à besoins particuliers.

À l’heure actuelle, « les services donnés aux élèves HDAA sont variables et inégaux [et] les parents ne sont pas informés de tous les services auxquels leurs enfants ont droit », déplore Kévin Roy.

Déjà en septembre, la Fédération des comités de parents rencontrait les membres de la Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers du Québec pour recueillir leurs observations quant aux services que recevaient leurs enfants depuis le retour en classe ; 56 % des parents avaient répondu qu’ils estimaient que leur enfant recevait moins de services qu’avant la pandémie ou des services inadéquats. Un peu plus du tiers des répondants (36 %) avaient plutôt affirmé recevoir le même niveau de services, alors que 8 % avaient répondu que les services reçus étaient meilleurs qu’avant.