L’enseignant belge Emmanuel Laforge et sa famille projetaient depuis plusieurs années de venir s’installer au Québec. Cet automne, en pleine pandémie, ils sont finalement arrivés à Montréal.

Il y a plus d’un an, La Presse a relaté les difficultés que rencontrait l’enseignant pour venir au pays. Il avait beau avoir été recruté par une commission scolaire dans le cadre d’une mission en Europe, les délais administratifs s’étiraient, mettant la patience d’Emmanuel Laforge et de sa famille à l’épreuve.

Quatre ans après que l’idée de venir au Québec eut germé et malgré la pandémie qui aurait pu faire dérailler le projet, tout s’est finalement réglé en septembre. La famille a bien eu quelques hésitations à quitter l’Europe, notamment parce que les trois enfants du couple venaient de commencer l’année scolaire, mais en un mois, la maison à la campagne était louée, l’appartement montréalais trouvé. Un changement « radical » fait en vitesse.

Environ deux semaines plus tard – quarantaine oblige –, l’enseignant a mis les pieds dans une école primaire de Montréal où il travaille actuellement dans une classe de 4année. Emmanuel Laforge dit qu’il n’a pas eu beaucoup de temps pour se faire une idée nette des différences entre les systèmes d’éducation belge et québécois, mais en énumère spontanément quelques-unes.

D’abord, il relève qu’il y a plus d’élèves par classe qu’en Belgique, où l’enseignant était davantage habitué à des groupes de tout au plus 20 élèves. Il dit aussi avoir l’impression que la « charge administrative » de l’enseignant québécois est plus lourde et note que le congé du mercredi après-midi auquel les élèves belges ont droit n’existe pas ici, pas plus que la semaine de relâche de l’automne.

Je le savais avant de venir, mais je comprends qu’il y a des enseignants au Québec qui sont assez fatigués.

Emmanuel Laforge, enseignant de Belgique venu exercer sa profession au Québec

Par contre, observe-t-il, il n’y a pas d’orthopédagogues dans les écoles primaires belges. « Les parents doivent aller au privé. C’est bien pour les enseignants d’avoir un contact direct avec l’orthopédagogue pour discuter du cas des enfants et ils sont plus vite pris en charge. En Europe, ça prend du temps », note M. Laforge.

Au cours des dernières semaines, il s’est mis à adapter légèrement son vocabulaire. Il se fait graduellement aux mots « efface » et « aiguisoir », tente de se rappeler qu’un cartable n’est pas un sac à dos et se retient de laisser échapper un « septante » ou un « nonante ».

Et l’accent des élèves, ça va ? Quel accent québécois ? demande Emmanuel Laforge. « Ce n’est pas vraiment un accent, c’est juste des différences. Je comprends vos questions et vous comprenez mes réponses », dit le Belge en riant.

Il se réjouit que les collègues qu’il a trouvés au Québec soient, comme en Belgique, « passionnés par leur métier ».

Je sais que je peux aller voir n’importe quel enseignant de l’école pour m’aider, l’accueil a été super.

Emmanuel Laforge

Tranquillement, sa famille et lui s’habituent à la vie québécoise, même dans le contexte de la pandémie. Les enfants sont à l’école – parfois à distance – et tous sont sortis de la ville récemment pour aller visiter le parc national d’Oka. La première neige tombait sur Montréal qu’Emmanuel se rendait encore à l’école à vélo. « Je ne sais pas jusqu’à quand je vais tenir », dit l’enseignant.

Pour ses collègues belges qui lui demandent maintenant comment il a fait pour venir au Québec, Emmanuel Laforge a une réponse. « Il faut vous armer de beaucoup de patience », leur dit-il. Et, pourrait-on ajouter, de persévérance.

Du renfort venu d’Europe

Depuis 2019, des représentants de centres de services scolaires de Montréal se sont rendus en Europe pour des missions de recrutement d’enseignants, une des solutions de Québec pour s’attaquer à la pénurie dans les écoles. Ils sont quelques dizaines à être arrivés depuis, mais de nombreux autres sont en attente d’un permis de travail d’Ottawa pour s’installer au Québec.