(Montréal) Les relations entre la direction générale du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) et son comité de parents se sont à ce point envenimées que la désignation du futur conseil d’administration est suspendue et que le gouvernement doit intervenir comme médiateur, a appris La Presse. L’enjeu est de taille : le CSSDM gère chaque année un budget de plus de 1 milliard de dollars.

En février dernier, Québec a aboli les commissions scolaires pour les remplacer par des centres de services scolaires. Jeudi, leurs nouveaux conseils d’administration doivent être nommés partout au Québec.

Au plus important centre de services scolaire de la province, c’est l’impasse. Son directeur général, Robert Gendron, a avisé Québec vendredi qu’il suspendait le processus « en raison d’irrégularités rendant illégitime la désignation des membres parents ».

C’est le nœud de l’affaire : un désaccord sur la façon de nommer les cinq parents qui siégeront au conseil d’administration, lequel sera aussi composé de cinq membres du personnel et de cinq membres de la communauté.

Le comité de parents dit avoir tout fait « dans le respect de la loi » pour élire les cinq personnes qui seront au C. A. Son président, Marc-Étienne Deslauriers, ne s’explique pas que le directeur général ait fait « volte-face » vendredi et assure que celui-ci avait accepté de valider la nomination des membres parents quelques jours plus tôt.

À plus d’une reprise dans les dernières semaines, Robert Gendron a estimé que la légitimité même du conseil d’administration du CSSDM est menacée et a interpellé le ministère de l’Éducation à ce sujet, montrent des lettres obtenues en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

PHOTO FRÉDÉRIC MATTE, ARCHIVES LE SOLEIL

Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation

Mardi, à deux jours de ce qui devrait être l’entrée en fonction du nouveau conseil d’administration, Québec est donc intervenu. « À la demande du ministre, une rencontre de mitigation a été demandée avec le CSSDM et tous les acteurs concernés pour résoudre l’enjeu », écrit Geneviève Côté, l’attachée de presse du ministre Jean-François Roberge.

Des relations tendues

La réforme de la gouvernance scolaire donne plus de pouvoirs aux parents et prévoit que le président et le vice-président du conseil d’administration seront désignés parmi les membres parents lors de sa première séance publique, qui se tient en octobre.

Le CSSDM n’a pas répondu à notre nouvelle demande d’entrevue, mardi. Il y a une dizaine de jours, Robert Gendron a expliqué à La Presse qu’il veut « que l’installation du C. A. soit faite de façon à ce que ça ne soit pas contestable ».

L’été dernier, des membres du comité de parents estimaient dans un article du Devoir que le directeur général cherchait plutôt à évacuer certains candidats avec de l’expérience en gouvernance scolaire et à mettre des « bâtons dans les roues » du comité de parents.

Quoi qu’il en soit, le climat qui règne entre la direction générale et les parents est parfois tendu, montrent les documents obtenus par La Presse.

En août, par exemple, le président du comité de parents écrit dans un courriel au directeur général qu’il juge « insultante » la réponse reçue à une de ses lettres envoyée au CSSDM. « Dans les circonstances, écrit Marc-Étienne Deslauriers, je considère que ce n’est ni moi, ni l’instance que je préside qui a pu ouvrir les hostilités. Et je défie quiconque de dire le contraire. »

L’abolition des commissions scolaires et des postes de leurs élus devait permettre, selon le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, d’« améliorer la gouvernance » et d’économiser 45 millions de dollars en quatre ans. « Les conseils d’administration vont être élus par les gens qui s’impliquent directement dans les écoles », a affirmé l’hiver dernier le ministre Roberge.

– Avec William Leclerc, La Presse