Un syndicat d'enseignants demande au gouvernement Legault de respecter son engagement électoral et d'investir massivement en éducation dès cette année.

Lundi, à quelques semaines du dépôt du budget provincial, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui représente 43 000 enseignants au Québec, a réclamé du gouvernement qu'il consente, pour la seule année 2019-2020, au moins 891 millions au réseau des écoles publiques.

S'appuyant sur les données compilées par l'économiste Jean-Michel Cousineau, elle a dit s'attendre à ce que le gouvernement octroie au réseau des écoles publiques une somme totale de 3,592 milliards d'ici quatre ans.

La FAE estime que cela couvrirait les coûts du système, la récupération des « mesures d'austérité » du précédent gouvernement libéral, ainsi que la compensation du manque à gagner des commissions scolaires après l'uniformisation de la taxation scolaire.

Le 29 novembre dernier, dans son discours d'ouverture devant l'Assemblée nationale, le premier ministre François Legault a évoqué un grand « redressement national » en éducation, y voyant une façon d'assurer l'« avenir de la nation québécoise ».

« Le premier ministre Legault ne pourra pas prétendre que son gouvernement réinvestit dans le réseau des écoles publiques avant d'avoir, au cours des quatre prochaines années, octroyé la somme totale de 3,592 milliards », a déclaré en conférence de presse Sylvain Mallette, président de la FAE.

« C'est ce que coûtera le redressement national annoncé par François Legault, et le premier budget caquiste va nous permettre de constater le degré de sincérité de François Legault et de son gouvernement », a-t-il ajouté.

« Chasse au hidjab »

Alors que l'école publique « a de la misère à se sortir la tête de l'eau » et que les services aux élèves sont insuffisants, M. Mallette s'indigne que l'on cherche à savoir combien d'enseignants au Québec portent un signe religieux.

En janvier, le ministère de l'Éducation a créé des remous en demandant à des commissions scolaires de dénombrer les enseignants et les membres de la direction des écoles qui portent un signe religieux au travail.

Selon M. Mallette, une commission scolaire qui ferait un tel dénombrement irait à l'encontre de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.

« C'est en train de devenir la chasse au hidjab, a-t-il déploré, lundi. On ne parle pas de la croix, on ne parle pas de la kippa, on parle du hidjab. [...] Si on est en train de courir après des femmes qui portent le hidjab pour les sortir des écoles publiques, il va falloir qu'on m'explique comment on peut confier à l'école publique la mission d'assurer la mixité sociale.

"Le gouvernement veut-il vraiment, alors que l'école publique a de la misère à se sortir la tête de l'eau, faire ce débat-là ? »

Il a suggéré que le débat est inutile, car, dit-il, aucun grief n'a jamais été déposé contre un enseignant pour cause de prosélytisme. De surcroît, le sujet ne fait que déchirer les membres de la FAE, a-t-il admis.

Le président syndical a également dénoncé lundi l'« incohérence » du projet du gouvernement Legault d'interdire le port de signes religieux chez les employés de l'État en position d'autorité, y compris les enseignants, car il ne s'appliquerait qu'aux écoles publiques, et non aux écoles privées.