Le mouvement de grève étudiante pour obtenir des stages rémunérés aux niveaux professionnel, collégial et universitaire promet de s'intensifier cette semaine. Après Montréal, le mot d'ordre s'étend ailleurs, notamment dans les régions de Québec et de l'Outaouais.

Ce matin à Montréal, les étudiants en grève prévoient se rassembler à la station de métro Place-Saint-Henri, dès 7 h 30, soutient le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE). Demain, le point de rassemblement sera à la station Laurier, jeudi à la station Jarry, et les manifestants ont prévu de se rassembler vendredi à la station Préfontaine.

À Québec, les étudiants de sociologie de l'Université Laval seront en grève jusqu'à jeudi, tandis que les autres - anthropologie, physique et philosophie - seront en grève demain. En après-midi, hier, l'Association des étudiantes en pratique sage-femme de l'Université du Québec à Trois-Rivières (AESFQ) a annoncé avoir voté en faveur d'une grève d'une semaine qui prendra fin le 24 novembre, à minuit.

À Sherbrooke, les étudiants en sciences humaines sont en grève durant toute la semaine, appuyés demain par les étudiants en éducation physique.

COURS SUSPENDUS

Hier matin, la direction du cégep du Vieux Montréal a annoncé la suspension de tous les cours pour la journée et en soirée en raison des revendications étudiantes. Environ un millier d'élèves s'étaient rassemblés très tôt devant l'établissement collégial, tout comme devant les cégeps de Saint-Laurent et Marie-Victorin, pour former un piquet de grève. D'autres annulations de cours sont à prévoir.

La semaine dernière, les associations étudiantes à travers le Québec ont voté en faveur d'une grève touchant quelque 60 000 étudiants pour réclamer une rémunération pour tous les stages en milieu de travail dans l'ensemble des programmes et à tous les niveaux d'études : cégeps, universités et écoles de formation professionnelle. Elles réclament notamment un salaire fixe et une protection en vertu des lois du travail.

ÉTAT DES LIEUX

À Québec, le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge estime que les étudiants sont « un peu en train de défoncer une porte ouverte ». « Je partage certaines de leurs préoccupations et je suis en train de documenter la chose. Qu'ils manifestent ou non, le travail se fait », a-t-il soutenu lors d'une brève entrevue accordée à La Presse hier.

Le ministre Roberge a déjà demandé à ses fonctionnaires de dresser un état des lieux sur les différents stages. Une fois cette étape terminée, « on verra s'il y en a qui doivent être compensés » financièrement, a-t-il ajouté, rappelant qu'il s'agissait de la position qu'il avait exprimée lors d'un débat en campagne électorale.

Bon an, mal an, il y a environ 300 000 stages étudiants par année au Canada, dont 55 000 au Québec. Au cours des 20 dernières années, le nombre de stages et leur durée ont explosé, affirme le mouvement CUTE. Mais c'est encore dans les programmes historiquement et majoritairement féminins que se concentrent les stages non rémunérés, dit-il.

MESURES RÉCENTES

Pendant son dernier mandat, le gouvernement Couillard a accepté le printemps dernier de rémunérer le quatrième stage des futurs enseignants, d'une durée de huit à douze semaines. Il a créé une bourse de 3900 $, une mesure qui touche près de 4000 étudiants et représente un coût de 15 millions par année. Les libéraux ont auparavant instauré une bourse de 25 000 $ pour payer les étudiants au doctorat en psychologie durant leur internat obligatoire, pour une facture totale de 6,2 millions par an.

De son côté, le Parti québécois a proposé en campagne électorale de lancer des travaux en vue d'instaurer une compensation des stages en milieu de travail. Chez Québec solidaire, on plaide en faveur d'une « politique nationale des stages garantissant une forme de rémunération et un encadrement légal de tous les stages obligatoires ».