«J'ai le plaisir de vous dire que je participe à de nombreux projets auprès d'élèves ayant des troubles d'apprentissage, notamment.» Ces mots ne sont pas ceux d'un humain mais bien d'un robot humanoïde. Du haut de ses 58 cm, NAO peut raconter des histoires, apprendre à compter, travailler la grammaire, danser... Composé de deux caméras, de capteurs et de microphones, ce robot du groupe japonais SoftBank Robotics interagit avec l'humain.

Ses facultés ont intéressé une équipe de chercheurs de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l'information et de la communication (TIC). Trois chercheurs ont décidé de mener une étude exploratoire sur les impacts éducatifs de l'usage d'un tel robot auprès d'enfants. Menée depuis deux ans, cette recherche-action est toujours en cours. Thierry Karsenti, qui mène ces recherches, présentait ce jeudi les résultats de cette étude, à l'occasion du 6e sommet du numérique en éducation.

Travailler dans l'éducation spécialisée

Les chercheurs ont choisi de mettre à l'épreuve NAO, en l'utilisant dans les salles de classe de primaire et secondaire de la province. Ainsi, il a été utilisé une fois par mois dans trois établissements québécois auprès de 24 élèves ayant un Trouble du spectre de l'autisme (TSA) et de 9 élèves ayant des troubles d'apprentissage sévères. Motivation, attention... Les chercheurs observent que NAO capte l'attention des élèves, qu'il les stimule. Pour eux, le «robot humanoïde peut aider les enfants autistes, là où les humains ne semblent pas y être arrivés». Et d'ajouter: «Le robot devient le fil conducteur de leurs apprentissages, et ils semblent prêts à s'engager, notamment pour des tâches scolaires, quand c'est lui qui formule la demande.»

Apprendre à coder

En parallèle, les chercheurs se sont servis du robot auprès de 144 élèves de trois établissements québécois. Ces derniers ont appris à programmer NAO. À l'école Saint-Fabien de Montréal, dans l'établissement où Ludovic Tourné enseigne, ses élèves de 4e et 5e ont programmé NAO pour que celui-ci fasse un dab. «Il est essentiel de prendre le virage numérique. Ce robot stimule énormément leur apprentissage, c'est une plus-value qui complète mon enseignement», estime le professeur. Les chercheurs notent que le robot influe positivement sur la «motivation scolaire», sur «la résolution de problèmes complexes», sur «l'autonomie» et la «réussite scolaire en général». 

Et pour l'avenir?

Pour l'instant, l'usage de ce robot en classe est l'exception et concerne un nombre infime d'élèves. Peut-on imaginer qu'il deviendra, un jour, la norme? «Je le souhaiterais, confie Thierry Karsenti. Le défi est le coût du robot, mais 6000 $ pour la réussite de 33 élèves, cela me semble acceptable. Je souhaiterais qu'on soit plus ouvert à ces technologies.»