Si les garderies n'ont pas besoin d'argent pour améliorer leur gestion, elles n'ont qu'à retourner l'allocation de transition au gouvernement, soutient le ministre de l'Éducation et de la Famille, Sébastien Proulx.

Dans La Presse mercredi, trois associations de services de garde accusent le gouvernement d'obliger les garderies à dépenser au moins 18 millions de dollars d'ici un an pour obtenir les services de consultants en gestion. C'est le tiers de l'allocation de transition qu'il a accepté de leur verser dans l'espoir de calmer la grogne liée aux compressions. Les modalités quant à l'utilisation de l'allocation de transition se trouvent dans une directive ministérielle qui vient d'être envoyée aux services de garde.

Un propriétaire de garderie a signalé à La Presse que six firmes de gestion l'ont soudainement courtisé depuis que le gouvernement a adopté sa directive. Une source dans le milieu des CPE soutient même que des « vautours » rôdent autour des services de garde pour toucher une part du gâteau.

Pour Sébastien Proulx, sa directive « n'oblige pas » de faire appel à des consultants en gestion. C'est une « possibilité », un « exemple » donné aux services de garde, a-t-il soutenu à la sortie d'une réunion du caucus libéral mercredi. La directive est mal interprétée selon lui. « C'est à nous d'être capables de parler avec les services de garde et de donner les explications nécessaires. » 

Mais du même souffle, il a confirmé qu'au moins 30 % de l'allocation de transition 60 millions doit être utilisé pour « trouver des mesures d'optimisation » en vue de s'adapter à la nouvelle formule de financement. « Oui, on peut aller à l'externe si on a besoin de le faire. On peut aller voir son association, qui doit jouer ce rôle-là de faire de la formation. Et si oui on a besoin de logiciels ou de nouveaux outils pour améliorer les pratiques, qu'on le fasse. C'est ce que les parents veulent, et c'est ce que le gouvernement souhaite. »

« S'ils n'en ont pas besoin de cet argent-là pour l'optimisation, qu'il la laisse au gouvernement », a ajouté Sébastien Proulx.

L'intention derrière la directive est surtout selon lui d'éviter que l'allocation « serve à des bonis et des augmentations de salaire ».

Si une garderie ne respecte pas les règles, le ministère va récupérer son argent. « Je ne peux pas envoyer de l'argent dans les CPE et les garderies sans avoir une certaine reddition de comptes », a expliqué le ministre.

L'opposition réagit

Les trois partis d'opposition ont condamné les règles imposées par le gouvernement. « Les sommes doivent servir à offrir des services aux enfants et non à payer des consultants », a soutenu le député péquiste et porte-parole en matière de famille, Sylvain Pagé. Avec sa directive, « c'est comme si le gouvernement désavouait le réseau ».

« Le gouvernement est en train d'infantiliser les gestionnaires de garderie, a dit la députée caquiste et porte-parole en matière de famille, Lise Lavallée. Ils sont capables de décider de quelle façon ils vont utiliser l'allocation, au lieu de payer des consultants. Il faut leur faire confiance. Je ne comprends pas qu'il n'y a pas de ressources au ministère de la Famille pour les aider à revoir les façons de faire. Pourquoi le ministère ne les accompagne pas s'ils ont besoin d'aide ? » 

La députe de Québec solidaire, Françoise David abonde dans le même sens : « C'est rigoureusement exact que le gouvernement oblige les centres de la petite enfance et les garderies subventionnées à prendre le tiers de l'argent pour des achats de logiciels et de services de consultants. Pas pour combler le manque à gagner des coupes. C'est clairement un manque de confiance du gouvernement à l'égard des CPE. »