Le Québec donne des leçons à la France en matière de lutte contre le décrochage scolaire. Un groupe d'experts a remis il y a quelques semaines un rapport comparatif entre les deux systèmes scolaires dont le gouvernement français envisage déjà de s'inspirer.

«Par-delà les différences de contexte, le décrochage ou l'abandon scolaire est considéré de part et d'autre de l'Atlantique comme un enjeu politique majeur. La France ne va plus se contenter d'une politique définie d'en haut, mais tiendra compte aussi d'actions probantes venues du terrain, comme on le fait de l'autre côté de l'Atlantique», a déclaré aux médias français la ministre déléguée à la Réussite éducative, George Pau-Langevin, après avoir pris connaissance du document rédigé conjointement par des experts de chez elle et par l'équipe de la Chaire de recherche sur les conditions de vie, la santé et les aspirations des jeunes de l'Université du Québec à Chicoutimi et du cégep de Jonquière.

La prévention

«Ils ont de l'intérêt pour nos approches, surtout en matière de prévention, dit Michel Perron. On est plus tournés sur le travail en amont. En France, ils parlent de raccrochage.»

Les différences sont nombreuses entre les deux systèmes scolaires, tant sur le plan de l'organisation du travail que de la gestion des écoles ou des lois qui régissent la jeunesse.

Mais ce qui intéresse surtout les Français, c'est les projets réalisés dans plusieurs écoles de la province pour motiver les adolescents à y rester. Le rapport conjoint présenté à la fin du mois de novembre en regorge.

Richard Guillemette, directeur adjoint à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, a été invité à Grenoble il y a quelques semaines pour présenter une initiative qui pique justement la curiosité de nos cousins: un programme bénévole de mentorat entre des élèves et des membres du personnel enseignant et non enseignant de l'école secondaire Cavelier-De LaSalle, à Montréal, pour contrer le décrochage.

«Ils se rendent compte qu'on travaille tous ensemble, avec tous les acteurs de l'école et même à l'extérieur de l'école. Eux, ils ne se parlent pas beaucoup. Ils voient que ça peut être une bonne solution», dit M. Guillemette.

Autre sujet d'étonnement lors de sa conférence: l'étiquetage des élèves en difficulté. «Pour notre programme de mentorat, on fait du dépistage pour cibler ceux qui sont à risque. En France, jusqu'à récemment, ils avaient peur d'étiqueter. Ils font manger la même soupe à tout le monde.»

Mais attention, prévient Michel Perron, si la France a beaucoup à apprendre du Québec, l'inverse est aussi vrai. «On gagne à travailler ensemble. Ils sont en avance sur certaines choses et nous, sur d'autres.»