La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, se dit «prête» à tenir une rencontre avec les associations étudiantes. Y compris la CLASSE, qui a décidé de désobéir à la loi spéciale adoptée la semaine dernière.

«Si la CLASSE veut être là, je n'ai pas d'objection», a-t-elle affirmé lors d'un point de presse à la sortie d'une réunion du caucus libéral.

«Nous souhaitons que les discussions se poursuivent. Il peut y avoir une entente après l'adoption de la loi [spéciale]. Je serai toujours, toujours ouverte à reprendre les discussions.»

Elle a dit avoir manifesté son ouverture auprès des présidents des fédérations étudiantes collégiale et universitaire, Léo Bureau-Blouin et Martine Desjardins, jeudi dernier, avant le dépôt de la loi spéciale.

Lundi, Léo Bureau-Blouin a dit avoir communiqué avec son chef de cabinet, mais «ce message-là n'est pas arrivé», a dit la ministre. «Nous sommes tous les deux 24/7», a-t-elle insisté, parlant de son chef de cabinet et d'elle-même. «Je suis prête à faire une rencontre, et ils le savent.»

La CLASSE bienvenue

La ministre accepterait que la CLASSE participe à d'éventuelles discussions. Mais elle ne s'attend pas à ce que ce groupe accepte d'entreprendre des pourparlers avec le gouvernement. Comme il «prône aussi fort» la désobéissance civile, la ministre a «l'impression qu'ils ne viendront pas autour de la table, a-t-elle dit. «C'est à eux qu'il faut poser la question.»

Plus tôt hier, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, s'est dit «assez ouvert» à reprendre les «contacts» avec les leaders étudiants. Il s'est toutefois empressé de préciser: «Si négocier signifie pour l'État d'abdiquer, de disparaître, si ça signifie que la démocratie à l'avenir sera faite de vandalisme, je pense que la base de négociation n'est pas la bonne.»

Le mouvement étudiant prépare une contestation judiciaire de la loi d'exception. «Plus tôt un juge se prononcera, mieux ce sera», a indiqué le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil. Le gouvernement ne va toutefois pas jusqu'à demander lui-même à la Cour de se prononcer sur sa loi.

M. Dutil estime que la loi spéciale se conforme à la Charte canadienne, qui décrète que les droits et libertés «ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et démocratique».

Il assure que le gouvernement se conformera au jugement des tribunaux, mais se demande si les associations étudiantes feront la même chose. «Ils ne l'ont pas fait lors des injonctions», a-t-il dit.

«Soir après soir», la «légitimité» du gouvernement Charest est remise en cause dans la rue, affirme la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

«Le Québec est divisé, déchiré, et le premier ministre a, à l'évidence, perdu le contrôle de la situation. La paix sociale est compromise», a-t-elle déploré.

La part des choses

La loi spéciale «n'a rien réglé et ne réglera rien», a-t-elle soutenu. «Tous le constatent. La situation québécoise fait même actuellement le tour du monde.»

Plus tôt dans la journée, avant une allocution devant le président du Comité international olympique Jacques Rogge, M. Charest avait relativisé les conséquences de la crise sur l'image de Montréal et sur le tourisme. «Ce n'est pas idéal, mais en même temps, les gens sont capables de faire la part des choses, surtout dans un contexte comme aujourd'hui, où nous recevons des gens qui voyagent partout sur la planète», a-t-il tenu à souligner.

Aux yeux de la Coalition avenir Québec (CAQ), le problème n'est pas la loi spéciale ou les droits de scolarité. La CAQ appuie une hausse des droits - malgré ses critiques envers la solution du gouvernement - et a voté pour la loi spéciale. «Le problème, c'est la légitimité du gouvernement», a avancé son chef François Legault. Il a demandé au premier ministre de tenir des élections vers la fête du Travail, et de l'annoncer maintenant. Ce faisant, le Québec aurait une campagne électorale, officieuse puis officielle, de plus de trois mois. «Il est temps que la rue cède la place à la boîte de scrutin», résume M. Legault.