Tout indique qu'il y aura bien une grève demain dans les 360 centres de la petite enfance (CPE) syndiqués à la CSN.

D'un bout à l'autre du Québec, plus de 22 000 familles devront donc trouver une solution de rechange pour faire garder leurs bambins. Pour certains, ce sera la deuxième fois cette semaine, puisque des milliers d'éducatrices sont déjà descendues dans la rue, lundi.

Aux yeux de la CSN, il apparaît «peu probable» d'arriver à une entente de principe d'ici à demain. «On est encore en discussion, mais la marche est haute», admet Louise Labrie, représentante des CPE pour la centrale syndicale.

11,25% de hausse salariale

Les éducatrices, sans contrat de travail depuis deux ans, revendiquent une hausse de salaire de 11,25% en trois ans.

«Nous ne roulons pas sur l'or», soutient Mme Labrie. Qualifiant les demandes de «légitimes», elle a rappelé que le salaire moyen des éducatrices est d'environ 19$ l'heure.

Le gouvernement a proposé aux éducatrices le même règlement que celui des employés du secteur public, soit une hausse de salaire de 7% à 10% en cinq ans.

Mme Labrie a été choquée par le traitement «démagogique» des demandes des éducatrices fait par le Journal de Montréal.

Mardi, le tabloïd a énuméré leurs revendications en une, avant de conclure: «ET QUOI ENCORE?» en grosses lettres jaunes.

Un chroniqueur a comparé la participation des éducatrices au processus d'embauche des CPE au «placement syndical que l'on peine à éliminer dans l'industrie de la construction».

Mme Labrie a été «abasourdie» par la comparaison. «Ça n'a rien à voir! Pour nous, la présence des travailleuses aux décisions dans les CPE est l'un des aspects qui aident à garantir la qualité des services.»

À la partie patronale, le principe n'est d'ailleurs pas remis en cause. «On est pour la gestion participative, dit Sylvie Rivard, de l'Association patronale des CPE de Montréal et de Laval. Même les grandes écoles de gestion disent qu'il est important de faire participer le personnel aux décisions.»

«Droit de gestion»

Cela dit, outre la question salariale, c'est sur le «droit de gestion» que les deux parties n'arrivent toujours pas à s'entendre, ajoute Mme Rivard. «Nous devons conserver ce droit pour assurer la stabilité du personnel auprès des enfants.»

Selon elle, les employés exigent un droit de regard trop important dans la composition des équipes et des horaires. «Je ne veux pas me retrouver avec un paquet de remplaçantes pour faire la fermeture du CPE, quand les enfants sont fatigués et que le risque de pépins est le plus élevé.»

Les éducatrices demandent 5 à 6 semaines de vacances, 10 jours de congé personnel et 13 jours fériés. Pour la partie syndicale, ces demandes sont des «planchers», déjà atteints par une majorité d'éducatrices.

«Pour 85% d'entre elles, nos demandes équivalent au statu quo», explique Mme Labrie. Ce qu'on souhaite, c'est un rehaussement pour les 15% qui restent. Cela ne représente que 1,1% de la masse salariale.»