Texto ou radio ? Auto solo ou covoiturage ? Quand un incendie de forêt chasse une population, quels scénarios sont les plus efficaces ? Des chercheurs montréalais sondent les résidants de trois villes qui ont vécu des évacuations l’été dernier, Sept-Îles, Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon.

« Quand on compare avec les États-Unis, ce sont souvent de plus grosses villes. Et des endroits en Europe où les gens finissent par évacuer à pied, comme on l’a vu en Grèce, par exemple, on ne peut pas comparer ça à Chibougamau », explique Joëlle Cormier, chercheuse au département de gestion des opérations et de la logistique de HEC Montréal, où elle est candidate au doctorat.

PHOTO FOURNIE PAR JOËLLE CORMIER

Joëlle Cormier, chercheuse et candidate au doctorat au département de gestion des opérations et de la logistique de HEC Montréal

« Nous, on a des villes avec une seule route, souvent à des heures de distance, donc c’est important d’aller chercher des chiffres qui nous représentent un peu plus. »

Un sondage en ligne a donc été lancé mercredi, auquel les résidants des trois municipalités, évacués ou non, sont invités à répondre. Mme Cormier a aussi rencontré une trentaine d’intervenants et une douzaine de résidants des trois villes en début d’année.

Les données serviront à créer des « modèles de simulation » numériques. « Un peu comme [le jeu vidéo] Les Sims, on crée de fausses personnes, une fausse ville, de fausses routes », précise Mme Cormier.

Ces modèles permettront de « tester différents scénarios, différentes stratégies », puisqu’il est impensable de « mobiliser 7000 personnes » pour des exercices d’évacuation.

Les chercheurs de l’équipe de Mme Cormier pourront vérifier, par exemple, si les citoyens réagissent plus rapidement à une annonce à la radio ou à un texto, ou si on pourrait gagner du temps en incitant la population à utiliser moins de véhicules.

« Comment sortir ? »

« Si on fait une évacuation totale, comme on l’a fait, comment sortir ? », illustre la mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, en entrevue téléphonique.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Manon Cyr, mairesse de Chibougamau

« Faut-il des policiers installés à des endroits stratégiques ? Est-ce qu’on y va par étapes ? Et est-ce qu’on a bien passé les messages ? Il y a tout ça aussi qu’on va peut-être pouvoir voir. » Car malgré les plans de mesures d’urgence, « c’est la réalité du terrain qui va te rattraper ».

La mairesse Manon Cyr l’a vécu le 6 juin 2023, lorsque la situation de sa ville du Nord-du-Québec a changé du tout au tout en quelques heures. Le gigantesque incendie de forêt progressait plus vite que prévu, et il restait seulement « une voie de sortie, la 167, parce que la 113 était fermée ».

L’évacuation qui n’avait d’abord pas été envisagée avant plusieurs jours s’est tout à coup imposée… le soir même.

« Quand tu es mairesse, évacuer ton monde, c’est la dernière chose que tu veux faire. Tu ne veux jamais être obligée de refaire ça de ta vie ! »

Les sondages resteront ouverts durant deux à trois semaines encore (à moins qu’il y ait de nouveaux incendies dans la région) et des rapports devraient être produits à l’automne, indique Mme Cormier.

Consultez le sondage pour Chibougamau Consultez le sondage pour Sept-Îles Consultez le sondage pour Lebel-sur-Quévillon Lisez l’article « Au tour de Chibougamau d’être évacué »