Armand Larrivée Monroe, pionnier de la scène homosexuelle et personnificateur de la reine incontestée des nuits montréalaises dans les années 50, 60 et 70, n’est plus.

Fierté Montréal en a fait l’annonce sur sa page Facebook. Il était âgé de 88 ans.

« Initiateur d’une scène gaie bouillonnante et flamboyante, Armand Monroe – aussi connu comme La Monroe – a non seulement ouvert des portes à celles qu’on allait un jour appeler des drag queens, mais a d’abord fracassé un plafond de verre pour les hommes qui voulaient tout simplement s’aimer en public », écrit l’organisme.

Dernier d’une famille de 13 enfants, Armand Larrivée naît en 1935 et grandit dans le quartier Saint-Henri à Montréal. Attiré par les lumières du centre-ville qu’il observe au loin le soir, il quitte le domicile familial à 18 ans pour s’y établir.

En 1957, il est déjà connu sous le nom de « La Monroe » pour l’admiration qu’il voue à l’actrice Marilyn Monroe. Alors qu’il se trouve au Tropical Room, le lounge du Downbeat Club situé dans la rue Peel, son enthousiasme et son charisme piquent la curiosité du propriétaire, Solly Silvers.

Ce dernier lui propose de devenir animateur au Tropical Room, un rôle qu’assumera avec entrain Armand Monroe et dans lequel il révolutionnera l’univers des bars gais à Montréal en offrant à la clientèle homosexuelle des spectacles conçus pour elle.

En 1958, après avoir fait pression auprès du propriétaire du Tropical Room, il obtient finalement la permission que les hommes puissent danser ensemble, une première à Montréal, peut-on lire sur le site web de la Ville.

Un « pionnier »

Michel Tremblay l’avait notamment fait passer à la postérité en l’inscrivant parmi les personnages de son roman La nuit des princes charmants.

Ç’a été un pionnier du mouvement drag queen, bien avant Mado, bien avant les personnificateurs ou drag queens d’aujourd’hui. Avant Mado, il y avait Armand Monroe.

Luc Provost, bien connu pour son personnage de Mado Lamotte

« Quand j’ai commencé à faire du spectacle en 88, Armand était encore présent sur la scène montréalaise, on le voyait encore dans les cabarets et c’était déjà une légende. Quand il entrait pour donner des spectacles, c’était un peu intimidant », raconte Michel Dorion, un autre « personnificateur féminin » bien connu.

« Armand, c’était la vieille époque, c’était le type d’artiste qui n’avait pas la langue dans sa poche, ajoute-t-il. C’était quelqu’un que j’appréciais beaucoup. »

Le prix John-Banks a été remis à Armand Larrivée Monroe l’an dernier afin de souligner sa contribution exceptionnelle à la promotion des droits des communautés LGBTQ+.