C’est bel et bien une canicule qui touche une partie de la province, et ses effets sur la santé des Québécois se font déjà sentir.

La vague de chaleur qui frappe le Québec a officiellement été qualifiée mercredi de canicule en Outaouais, en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La température dans ces régions a dépassé les 30 °C lundi, mardi et mercredi, selon les données d’Environnement Canada. Pour qu’on puisse parler de canicule au Québec, la température doit être d’au moins 30 °C et l’épisode doit durer au moins trois jours.

La vague de chaleur à Montréal pourrait également être qualifiée de canicule si le mercure atteint les 30 °C jeudi. « Les dernières données nous indiquent qu’on a de très bonnes chances de l’atteindre », a indiqué mercredi après-midi le météorologue Jean-Philippe Bégin. Il s’agirait de la première canicule de l’été dans la métropole, la dernière s’étant produite au printemps, du 31 mai au 2 juin.

  • Si la vague de chaleur actuelle devient une canicule, il s’agirait de la première de l’été dans la métropole, la dernière s’étant produite au printemps, du 31 mai au 2 juin.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Si la vague de chaleur actuelle devient une canicule, il s’agirait de la première de l’été dans la métropole, la dernière s’étant produite au printemps, du 31 mai au 2 juin.

  • Les zones d’ombre étaient prisées mercredi pour échapper au soleil de plomb.

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    Les zones d’ombre étaient prisées mercredi pour échapper au soleil de plomb.

  • Le porte-parole corporatif d’Urgences-santé, Jean-Pierre Rouleau, invite les personnes dans l’obligation de sortir à prévoir des pauses fréquentes pour se réhydrater.

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    Le porte-parole corporatif d’Urgences-santé, Jean-Pierre Rouleau, invite les personnes dans l’obligation de sortir à prévoir des pauses fréquentes pour se réhydrater.

  • Temps parfait pour une crème glacée

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    Temps parfait pour une crème glacée

  • Une courte balade en vélo prend des allures d’effort herculéen sous la chaleur accablante.

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    Une courte balade en vélo prend des allures d’effort herculéen sous la chaleur accablante.

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Le temps chaud devrait se poursuivre sur le sud du Québec jusqu’à la fin de semaine. « Vendredi, ce sera toujours humide avec un humidex entre 30 et 35 et samedi un humidex près de 30 », dit le météorologue.

Si les prévisions se confirment, Montréal connaîtra sa période de cinq jours la plus chaude jamais enregistrée après un 2 septembre.

Cette vague de chaleur suit la tendance des derniers mois : le globe a connu cette année l’été le plus chaud jamais enregistré dans l’hémisphère Nord, a annoncé mercredi l’Organisation météorologique mondiale (OMM), un organisme spécialisé des Nations unies.

Canicules, sécheresses, inondations et incendies ont frappé l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord durant cette période, prenant des proportions dramatiques et souvent inédites, avec leur prix en vies humaines et en dégâts sur les économies et l’environnement.

« L’effondrement climatique a commencé », a déploré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un communiqué, rappelant comment « les scientifiques ont depuis longtemps mis en garde contre les conséquences de notre dépendance aux combustibles fossiles ».

Les humains et tous les êtres vivants sont aussi menacés par la « potion diabolique » de polluants chimiques, alimentée par les incendies et ces vagues de chaleur plus intenses et fréquentes, a averti l’OMM.

Un impact sur la santé

La vague de chaleur a entraîné mardi une hausse de 15 % des appels d’Urgences-santé, l’organisation de services préhospitaliers d’urgence qui sert Montréal et Laval. « Le volume d’appels augmente toujours lorsqu’il fait très chaud. Mardi, on a eu une augmentation d’environ 15 % par rapport à une journée normale, soit 150 appels de plus », dit le porte-parole corporatif d’Urgences-santé, Jean-Pierre Rouleau.

Au total, une douzaine d’appels ont eu lieu pour des coups de chaleur. La température élevée a également exacerbé les problèmes médicaux de dizaines d’autres personnes.

La chaleur accentue les problèmes médicaux. Par exemple, une personne asthmatique va ressentir une difficulté respiratoire beaucoup plus rapidement que s’il ne faisait pas chaud.

Jean-Pierre Rouleau, porte-parole corporatif d’Urgences-santé

Le CHUM a également noté un achalandage élevé mardi aux urgences, dont une hausse de consultation en cardiologie. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal confirme aussi avoir observé une augmentation des visites de personnes vulnérables incommodées par la vague de chaleur dans ses urgences au cours des 48 dernières heures. De leur côté, les CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal et le CUSM n’ont pas noté de hausse des visites.

Le cœur mis à l’épreuve

Les premiers impacts de la chaleur vont généralement être une fatigue accrue, un manque de motivation, une tendance à vouloir ralentir un petit peu, détaille le Dr Thomas Deshayes, chercheur postdoctoral en physiologie de l’exercice et environnemental au Centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal. « Le fait de vouloir ralentir et de rester à l’intérieur est d’ailleurs un moyen pour nous protéger en essayant de fuir la chaleur », dit-il.

Si la chaleur persiste, des effets physiologiques peuvent se faire sentir. « La température de la peau va commencer à grimper et ensuite ce sera la température à l’intérieur du corps. Le cœur va aussi commencer à accélérer un petit peu », dit-il.

Lors des expositions prolongées à la chaleur, il peut y avoir une certaine déshydratation accompagnée de problèmes sur le plan du rythme cardiaque, explique M. Deshayes. « Ce dérèglement peut mener à des arrêts cardiaques ou des caillots qui peuvent entraîner un infarctus ou un AVC, particulièrement chez les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques. »

Des athlètes ou des travailleurs en bonne santé qui performent ou qui font beaucoup d’exercice à la chaleur peuvent également être à risque de développer des coups de chaleur ou un problème cardiaque, ajoute le spécialiste.

Rester au frais

Le porte-parole corporatif d’Urgences-santé, Jean-Pierre Rouleau, invite la population à éviter de s’exposer inutilement à la chaleur. Si des personnes ont l’obligation de le faire, on leur recommande de planifier des pauses fréquentes pour se réhydrater. « On suggère aussi de limiter les efforts physiques. Si les gens veulent absolument faire du sport, ils peuvent privilégier les moments où il fait un petit peu plus frais, comme tôt le matin et tard le soir », dit-il.

De son côté, Thomas Deshayes rappelle que la stratégie la plus efficace pour fuir la chaleur est de rester dans un espace climatisé. « À long terme, ce n’est toutefois pas la meilleure solution, puisque c’est très énergivore, ça pollue beaucoup et ce n’est pas tout le monde qui y a accès », nuance-t-il.

Il propose donc diverses stratégies simples pour se rafraîchir, comme s’asperger de l’eau sur la peau, mettre les pieds dans des seaux d’eau froide ou utiliser un ventilateur.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press