La pression s’accentue encore sur Ottawa dans le dossier du train à grande fréquence (TGF). Le maire de Laval, Stéphane Boyer, qui a rencontré mardi des représentants de VIA Rail, se montre à son tour en faveur d’un projet de train à grande vitesse (TGV), pour autant qu’il ne « défigure pas des quartiers ». À Québec, la ministre des Transports « privilégie » aussi un TGV.

« C’est sûr qu’au Canada, on a de grandes distances, donc le plus vite, le mieux ça va être. Mais une des questions qui peut venir par la suite, c’est à quel coût. Si on peut avoir un TGV jusqu’à Toronto, mais que ça coûte deux fois plus cher qu’un billet d’avion, est-ce que ça va vraiment fonctionner ? », a expliqué l’élu municipal en entrevue avec La Presse, peu après sa rencontre.

Il soutient que le débat en est aussi un de tracé. « Un TGV serait nécessairement en ligne droite, ce qui pourrait signifier des expropriations importantes, et donc de défigurer des quartiers », poursuit M. Boyer. « Moi, comme citoyen, ça me parle d’entendre parler d’un TGV, mais après, il faut voir si c’est réaliste », persiste-t-il, en disant avoir comme priorité « l’impact sur la configuration de nos villes ».

Peu importe la forme qu’il prendra – un TGF ou un TGV –, ce futur réseau de train devra passer par Laval, insiste le maire. « On sait que les solutions choisies peuvent varier, donc il n’y a rien de coulé dans le béton encore. Laval est la troisième ville du Québec, avec une forte croissance. On ne peut pas l’écarter. »

Au cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, on va dans le même sens. « Entre un TGF et un TGV, c’est certain que ce qu’on privilégie, c’est un TGV. On trouve que c’est un beau projet qu’Ottawa pourrait financer », a soulevé mardi son attaché de presse, Louis-Julien Dufresne. Récemment, le premier ministre François Legault avait aussi parlé du TGV comme d’un « beau projet, pourvu qu’il soit fortement financé par le fédéral ».

Fin janvier, le maire de Québec, Bruno Marchand, avait aussi lancé un plaidoyer en faveur d’un train à grande vitesse. À Montréal, l’administration Plante estime que le TGV « mérite d’être étudié ». Une motion sera d’ailleurs déposée par les élus Craig Sauvé et Serge Sasseville, au prochain conseil municipal du 20 février, pour que la Ville demande à Ottawa d’opter pour un TGV dans le corridor Québec-Toronto.

Un « grand projet », persiste Ottawa

Au cabinet du ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, on maintient que le TGF « sera le plus grand projet d’infrastructure que le Canada a connu ». « Il aura des rails dédiés et ne devra plus les partager avec les trains de marchandises. Cela réduira les retards », soutient à ce sujet la directrice des communications du ministre, Valérie Glazer, en ajoutant que les 200 km/h du TGF surpassent déjà largement les performances des trains actuels.

L’automne dernier, après avoir sollicité les commentaires du secteur privé, Ottawa a modifié un critère du projet : il envisage désormais que le TGF aille à plus de 200 km/h sur certaines parties du tracé, et demande aux entreprises de lui faire des propositions en ce sens.

Selon nos informations, les entreprises pourront déposer une demande de qualification d’ici environ un mois, après quoi des propositions pourraient commencer à être déposées au gouvernement à partir de l’été prochain. C’est par la suite que de réelles avancées pourraient être annoncées, et que le choix du système pourrait être confirmé.

« Nous sommes ouverts à étudier des projets qui proposent d’augmenter la vitesse au-delà de 200 kilomètres à l’heure dans certains segments si cela a du sens au niveau économique », a soutenu mardi Mme Glazer.