Las d’être dépeint comme le champion de la rénoviction de personnes âgées, le promoteur Henry Zavriyev fait une sortie pour dépersonnaliser le débat et demander à Québec de revoir la gestion des résidences privées pour aînés.

Ces derniers mois, Henry Zavriyev a tour à tour converti en logements locatifs les trois résidences qu’il a achetées depuis 2021, soit Mont-Carmel (centre-ville de Montréal), la majeure partie du Château Beaurivage (Montréal-Nord) et la résidence Seigneurie de Salaberry (Québec).

Dans une lettre envoyée à Sonia Bélanger, ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, de même qu’à La Presse, Henry Zavriyev, qui a retenu les services d’une firme en affaires publiques, se décrit comme un promoteur immobilier qui a permis « à des milliers de Québécois de s’héberger ».

« Depuis des années, je constate avec regret que le parc immobilier du Québec est en mauvais état, que les Québécois sont parfois contraints de vivre dans des bâtiments qui ne conviennent plus. Souvent, je choisis de rénover ces appartements […]. J’ai le profond sentiment de servir la société […]. »

« Depuis quelques mois, je suis malgré moi au centre d’une controverse », poursuit-il.

En cause, dit-il : la rentabilité des résidences pour personnes âgées qui « est loin d’être assurée ».

« Les plus récents déboires du Groupe Sélection en sont un exemple frappant. »

De fait, déjà en 2019, La Presse avait écrit que 430 résidences pour aînés avaient fermé. L’hémorragie a continué. En entrevue téléphonique mardi, M. Zavriyev a parlé des résidences privées pour aînés comme d’« un système brisé ».

Mais comme le confirme M. Zavriyev, il a acheté sa première de trois résidences privées pour aînés en 2021. Pourquoi l’avoir fait dans un marché déjà difficile et en pleine pandémie ?

À propos de son premier achat, le Château Beaurivage, il dit avoir été sûr de le rentabiliser en en faisant un immeuble « multigénérationnel ».

À propos de Mont-Carmel, il dira que son intention « était d’en faire un meilleur endroit où vivre ».

Devant les tribunaux

Lorsqu’on lui souligne que ce n’est pas le constat qu’en font les résidants qui ont reçu un avis d’éviction ou une hausse de loyer assortie d’une baisse de services, il souligne que toute l’affaire a pris des proportions démesurées et qu’il ne demande pas mieux que d’établir un dialogue avec les résidants, de même qu’avec la ministre Sonia Bélanger.

Les résidants de Mont-Carmel se sont adressés aux tribunaux. En juillet, ils ont obtenu une ordonnance de sauvegarde, qui a été reconduite en septembre, par laquelle M. Zavriyev est tenu de maintenir l’ensemble des services d’une résidence pour aînés jusqu’à ce que les tribunaux aient tranché sur le fond de l’affaire.

En novembre, contrairement à la prétention de M. Zavriyev qui estimait que ce n’était pas de sa juridiction, la Cour supérieure a conclu qu’elle était tout à fait apte à trancher le litige.

En entrevue, M. Zavriyev se targue aussi de remettre sur le marché à Québec, dans la résidence Seigneurie de Salaberry, « 50 beaux appartements », en pleine crise du logement.

En octobre, lors d’un rassemblement pour contester le changement de vocation, une locataire, Nicole Gagné, a fait savoir que les personnes âgées touchées par le changement de vocation de l’immeuble vivent plutôt « de l’anxiété, de l’insécurité sociale et financière » et une perte de confiance.