Plus d’une centaine d’intervenants spécialisés en pacification et en sécurité (ISPS) ont claqué la porte de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel depuis deux ans, déplore le principal syndicat de l’établissement de santé mentale.

« On a un gros problème. On perd l’expertise. Beaucoup de gens quittent en raison des conditions de travail et de la reconnaissance attribuée aux employés. On n’est pas capable de stopper l’hémorragie. Ça nous inquiète énormément », s’alarme Marie-Ève Desormeaux, présidente du Syndicat des employés de l’Institut, aussi intervenante.

Selon l’Institut, 105 ISPS ont quitté leur poste entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2022, incluant huit départs à la retraite. Cependant, le Syndicat soutient que le portrait est encore plus sombre, soit que 154 ISPS sont partis dans les deux dernières années en calculant notamment les employés en congé sans solde.

L’Institut compte en ce moment 176 ISPS, mais 40 postes ne sont pas pourvus en ce moment, selon Marie-Ève Desormeaux. Le syndicat réclame ainsi au gouvernement une prime pour réussir à garder en poste les ISPS, payés entre 22,81 $ et 27,10 $ de l’heure pour un emploi très exigeant. Ils sont toutefois nombreux à devenir agents correctionnels ou policiers, des emplois mieux rémunérés.

« [Les nouveaux] restent un mois, deux mois, trois mois et s’en vont. Des gens formés à tout bout de champ. La direction est au fait des enjeux. Ils sont d’accord avec nous », soutient Marie-Ève Desormeaux.

« L’attraction et la rétention de ce personnel hautement qualifié sont un enjeu important pour nous, et nous continuons à déployer les efforts nécessaires afin de nous permettre de poursuivre notre mandat. Les ISPS, soit un titre d’emploi unique à l’Institut, ainsi que les autres membres de notre personnel possèdent des compétences et une expertise que nous voulons certainement conserver », affirme Pascale Trudeau, porte-parole de l’Institut. Des « travaux sont en cours au niveau national » afin de déterminer l’échelle salariale des ISPS, ajoute-t-elle.

L’Institut Pinel est frappé de plein fouet par la pénurie de main-d’œuvre. La Presse révélait mercredi que l’Institut n’arrivait plus à évaluer les pires criminels du Québec dans les délais légaux en raison de la hausse des demandes, du financement insuffisant et du manque de psychiatres en mesure d’effectuer ces évaluations spécialisées.

Selon la leader syndicale, l’Institut Pinel est un « écosystème » et le travail des psychiatres – des travailleurs autonomes – va de pair avec celui des autres employés.

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